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Ciel brouillé ϟ Faust

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MessageSujet: Ciel brouillé ϟ Faust Ciel brouillé ϟ Faust EmptyMar 1 Mai - 17:14



Comme tu resplendis, paysage mouillé qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé !


Le dortoir était tout à fait silencieux. En règle générale, les Redstones profitaient du dimanche matin pour pouvoir faire la grasse matinée. Ils aimaient faire la fête la veille au soir, histoire de fêter la fin d’une autre semaine de cours. Considérés comme les plus gros fêtards de l’université, les rouges semblaient aussi les plus attachés à leurs oreillers. Ainsi, alors que le soleil tentait de se frayer un chemin entre les gros cumulonimbus à l’extérieur, les élèves dormaient tranquillement sous leurs couvertures écarlates.

Chez les filles, le désordre était roi. Des tas de vêtements jonchaient le sol, quelques boites de gâteaux étaient cachées sous un lit, une bouteille de Whisky Pur Feu dépassait d’une valise et un échiquier ensorcelé était ouvert sur le parquet, les pièces gisant au sol. Chaque lit avait son type de bazar propre qui semblait correspondre à la personnalité de son occupante. Johanna Beltings, par exemple, possédait une dizaine de fars à paupière différents sur sa table de chevet : elle avait été élue plus belle sorcière de Fidelitas deux années consécutives.
Autour du lit de Fabiola, quelques feuilles blanches griffonnées étaient tombées par terre, un tube de gouache jaune ouvert séchait sur le sol à côté d’un grand balai vernis. La jeune fille s’était endormie sur son carnet à dessin. Elle avait eu envie de regarder ses vieux croquis au fusain et elle avait maintenant les joues pleines de traces noires. Elle avait dormi toute habillée, sur son lit fermé.
Sans raison apparente, elle se réveilla en sursaut, et la feuille qui tenait encore en équilibre sur son front s’envola à côté du lit à baldaquin. La jeune fille balaya la pièce de ses petits yeux écarquillés, se demandant si un jour, on pourrait à nouveau apercevoir les lattes du parquet entières. Comme ses voisines semblaient prendre du bon temps dans les bras de Morphée – ah, quel homme – Fabiola fut ravie de constater que la salle de bain allait être libre. En semaine, la pièce ressemblait plus à une station de métro qu’à autre chose. Le carrelage était trempé, les filles hurlaient lorsque l’eau était froide, on se bousculait pour avoir le meilleur robinet… Sortir de sa douche sans avoir mouillé ni ses fringues ni sa serviette était un véritable miracle. L’humidité qui régnait là-bas suffisait à faire boucler les mèches blondes de Fabiola, et elle ne s’amusait plus à les lisser tous les matins. De toute façon, on lui avait dit qu’être frisée lui allait bien.

Cependant, une opportunité telle que celle-là était rare, et Fabiola se redressa tellement vite dans son lit que quelques secondes plus tard, elle sentait encore les pulsations de son cœur dans ses tempes. Elle se dirigea rapidement vers son étagère pour attraper de quoi s’habiller. A l’aide de sa baguette, elle fit flotter à sa suite sa trousse de toilettes et sa serviette bleue. Elle arriva enfin dans la salle de bain. Vide, la pièce paraissait énorme et le carrelage était tellement blanc qu’elle avait envie de l’embrasser. Fabiola se déshabilla rapidement et alors qu’elle se retournait face aux miroirs, elle remarqua enfin les grands traits noirs qui barraient la peau pâle de son visage. Dans sa tête, mini-Fabiola se mit à glousser. Nue au milieu de la salle de bain, la jeune Redstone se mit à frissonner. Elle avait envie de danser mais elle jugea intelligent de le faire une fois sous l’eau chaude. Elle abandonna ses affaires en plan sur les lavabos et se précipita avec sa serviette dans une cabine.

Plusieurs minutes et bulles de savon plus tard, elle quitta le paradis du carrelage les cheveux enroulés dans sa serviette comme dans un turban. Dans le dortoir, Mary s’était mise à ronfler, on aurait dit un petit cochon de compagnie : Fabiola se retint de lui chatouiller les orteils. Elle préféra se donner un coup de baguette sur la tête en sifflant une formule magique assez utile. La serviette turban tomba par terre et les cheveux de la jeune fille étaient parfaitement secs. Elle ramassa deux ou trois trucs qui trainaient sur le sol, glissa sa baguette dans sa poche et passa la bandoulière de sa sacoche en cuir sur son épaule. Elle avait mis la chemise de Vincent et bien entendu, elle avait envie de dessiner. Elle n’avait aucun idée du temps qu’il pouvait faire dehors, mais elle savait que ses doigts s’agiteraient en tous sens si elle n’attrapait pas un carnet à dessin immédiatement. Avant de s’engager dans le chemin qui menait au parc, elle passa par la salle à manger où s’entassaient déjà sur la table les plats du petit déjeuner. Elle fit le tour du buffet puis quitta la pièce un pain au chocolat dans la bouche et un grand verre de jus de citrouille à la main.

L’air extérieur sentait la pluie, mais il ne pleuvait pas – les éléments avaient dû se déchainer la veille au soir. L’herbe était mouillée et le ciel gris semblait faire un câlin au paysage, l’entourant de ses bras flous et pâles. On ne voyait même pas les nuages, ils étaient tous fondus les uns dans les autres : une sorte de tapis céleste en somme. Ce matin-là, le parc avait quelque chose de doux, de reposant et d’extrêmement intéressant. On pouvait à peine distinguer le lac, au loin, mais cette ligne sombre perdue dans le brouillard aurait pu être un attrape-artiste. C’est vers ce côté du parc que Fabiola se dirigea, avec l’intention de peindre ce qui restait du plan d’eau (heureusement, elle avait pensé à l’aquarelle, la gouache aurait rendu l’ensemble trop estival et pâteux).
La seule chose qui l’embêtait, c’était l’herbe. C’était joli et ça sentait bon, mais ça restait mouillé. Et elle ne comptait pas repartir avec les fesses trempées. Il fallait qu’elle trouve où s’assoir. Elle aurait pu se poser en amazone sur son balai, mais la position risquait d’être un peu trop expérimentale. Non, ce dont elle avait besoin, c’était d’un manteau, ou d’un caillou déjà séché par les courageux rayons du soleil menant une guerre sans fin aux nuages. Ah, qu’est-ce qu’elle regrettait de ne pas avoir écouté en cours de métamorphose… Quoique… Avoir étudié les sortilèges pouvait aussi lui être utile. Elle se munit à nouveau de sa baguette et pointa l’arrière de son pantalon, consciente d’être particulièrement ridicule.

Impervius !

Un petit jet argenté atteint le jean mais rien d’autre de notable ne semblait s’être produit. Prudemment, Fabiola s’accroupit sur le sol et posa enfin ses fesses dans l’herbe. Elle attendit un moment que l’humidité et le froid atteignent sa peau mais rien de tel ne se produisit. Le sortilège avait marché, son pantalon était maintenant imperméable. Elle utilisa la même formule pour son sac et étala ses affaires d’aquarelle devant elle, le sourire aux lèvres. Elle pensa que l’ensemble manquait de musique – elle aimait beaucoup le jazz – et se mit à fredonner doucement My funny Valentine. Mécaniquement, ses doigts se mirent en mouvement, se munissant d’un petit gris pour l’humidifier dans l’herbe – autant profiter de l’eau à disposition. Elle posa son carnet sur ses genoux et commença à y appliquer un lavis gris. Elle n’aurait pas vraiment besoin de couleurs aujourd’hui.
En observant plus attentivement l’arbre qu’elle comptait peindre à la droite de sa feuille, elle se rendit compte qu’elle n’était pas seule. Un peu plus loin, quelqu’un d’autre était assis et levait de temps en temps la tête. Quelqu’un qui semblait aussi dessiner. Fabiola se mit à chanter plus fort. Si l’autre devait se retourner, elle ne passerait pas inaperçue. Rencontrer un individu capable de se lever pour aller peindre dans le parc trempé serait surement très intéressant. Ils pourraient même repeindre les murs de Fidelitas s’ils s’entendaient bien, et refaire la déco des salles de cours.

Fabiola J. Prill
Fabiola J. Prill

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Arrivée le : 02/04/2012
Avatar : Freya Mavor, (c) Punky

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