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Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...] [Faust]

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MessageSujet: Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...] [Faust] Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...]  [Faust] EmptyDim 22 Avr - 19:37

« Habiter un corps (grandir jouir souffrir mourir) signifie : être en manque avant de disparaître
Marc Gendron


J'ai toujours des insomnies, comme des rêves qui me collent à la peau et s'enroulent à mes chevilles, comme des entraves qui m'épousent et me tirent au sol. Des périodes de non-sommeil, de refus de l'abandon et du repos. Des envies d'impossible qui me jettent dehors, aux heures les plus indues, avec une faim, une envie, une soif que rien ne puisse satisfaire. J'ai toujours des rêves d'étrange et d'amertume, des rêves de mensonges et de libertés, de poisons et de résurrection. J'ai toujours des pulsions de meurtre et de douleur.

Et surtout, ce refus de toute l'ame.
Et aussi, ce recul de tout le corps.
Et ensuite, ce rire de gorge.
Qui s'étrangle.
Qui m'étrangle.
Qui s'éraille.
Qui déraille.


Six heures cinquante.

Hannah s'est engagée dans une allée toute vêtue d'ombres et d'aube à peine éclose. Les arbres tendent vers elle des bras armés de griffes plus que de fleurs et, dans un coin, les pieds de menthe lancent leur parfum à la conquête des terres, par vagues envoutantes. Sous ses pieds rêveurs, l'herbe se froisse ou le gravier proteste, au gré de son errance: comme le sommeil l'a quittée elle aussi a abandonné les rives rassurantes, le lin, le coton, cette odeur de propre presque vomitive. Elle avait cru avoir envie de livres et d'études, soif de connaissance et de silence, mais la porte de l'université poussée, elle s'était détournée des montagnes de savoir pour grimper, peu à peu, les étages: les marches s'avalaient sous ses pas, à s'en dérober, même, à s'en effacer.

Six heures cinquante-sept

Le soleil darde ses premiers rayons par delà l'horizon et lèche la brume pour la teinter d'argent. Il tend sa lumière vers le visage d'Hannah, comme pour inonder ses yeux et son être. Elle, elle préfère fuir et enfouir son nez dans un pied de basilic arrogant, qui balance ses feuilles et son parfum comme une femme son maquillage ou sa poitrine. Les yeux clos, les cheveux comme des rideaux sombres autour d'elle – elle les porte longs, aussi long qu'elle le peut, et raides et emmêlés et gras et sales – elle a relevé sa jupe sombre et posé ses genoux à même la terre.

Sept heures tapantes.

Une feuille de basilic froissée entre les doigts, elle s'est laissé glisser sur l'herbe, et, couchée sur le ventre, la joue appuyée sur son avant bras replié, elle ferme les yeux et écoute la nature qui s'éveille. Les oiseaux, le vent, les mille et un bruits inconnus, qu'un jour, peut-être, elle comprendra, mais qui ne lui sont pas familiers. Elle n'aime pas les pays étrangers, elle n'aime pas les animaux étrangers ou les plantes étrangères, ou les gens étrangers. Heureusement, elle aime aussi mentir et se mentir. Et s'inventer, se réinventer, se rêver différente.

Sept heures trois.

Le temps s'écoule lentement, s'étire et vient l'envelopper, enlacer son corset serré et se lover contre les baleines de métal, les broderies et les dentelles. Hannah est une ombre parmi les ombres.

Sept heures quatre.

Un oiseau lance une trille alambiquée et insistante, Hannah siffle et tente de l'imiter. Certaines choses ne changent pas, quel que soit le lieu ou le temps. Redstone... sa nouvelle "maison". Rouge comme le sol des Amériques et la poussière, rouge comme le coeur d'un voleur, rouge comme le sang d'une enfant. Hannah ne se réjouit pas. Hannah s'en fout. Hannah s'en moque. Hannah garde les yeux clos, pour s'effacer.

Sept heures cinq.

Le chant reprend, gonflé d'énergie et de volonté. S'affirmer. S'imposer. Conquérir. Oh... Elle comprend bien pourquoi les mâles, seul, chantent. Elle le connait, le cri des mâles et leur regard...

Sept heures six.

Elle a un vague sourire, dissimulé, ravalé, et ses doigts se crispent sur son ventre, comme des serres silencieuses et privées de proie. D'un doigt elel étale un peu de terre sur ses lèvres, comme pour la gouter et l'inspirer. Sa chaleur animale, sa douce odeur de décomposition et de lente déliquescence...

Sept heures sept.

Des crissements, sur le gravier, et ses muscles à elle qui se pétrifient. Silence. Immobilité. Surdité. Elle n'existe pas, on ne la verra pas... Elle n'est pas là. Si elle ne se signale pas... Elle prie, très fort, elle supplie, elle enfonce la joue dans le sol meuble et les ongles dans l'herbe veule . Elle rêve qu'elle s'enterre. L'oiseau, dans son buisson, hurle plus qu'il ne chante.


J'ai parfois des envie de noyade. Parfois, seulement. J'ai trop d'ombres et trop de vides pour rêver d'eau qui s'immisce dans mes poumons. Je leur préfère les mines et le charbon d'un regard, puis leurs puits sans fond qui ouvrent dans la terre des labyrinthes mortels. C'est là mon domaine, celui que je choisis et revendique. Bien plus que la lumière ou les oiseaux, ou les herbes. Bien plus que l'étau d'un corset ou que le masque du maquillage
Hannah Roberts
Hannah Roberts

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Arrivée le : 09/04/2012
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MessageSujet: Re: Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...] [Faust] Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...]  [Faust] EmptyDim 22 Avr - 21:44

Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...]  [Faust] Tumblr_m30309B5221qfnqs1
Un sommeil dépourvu de rêves, un couloir de cauchemars, une sombre allée qui se referme inéluctablement sur sa proie. Des ombres, des regards perdus et une saisissante sensation de déjà-vu. L'aube salvatrice pourtant gagne les interstices nains de la jeune angoissée meurtrie par son propre esprit. Ses pores se gorgent de soleil, la lumière fait fi de l'obscurité et doucement, d'une lenteur extrême et exquise, ses paupières ourlées de fatigue se soulèvent malgré elles.

Partir. Il lui faut partir. Immédiatement. Sans plus se poser de question, sans même jeter un coup d'oeil à sa montre, Faust attrape son petit boursouflet encore tout endormi, lui, le juche sur le haut de son crâne et quitte son lit à baldaquin, prestement. Son teint pâle éclate à la lumière naissante du jour tandis qu'elle traverse les longs couloirs de sa résidence. Poussée par un instinct qui lui murmure à l'oreille, depuis les confins de ses entrailles. Quelque chose dont elle ne saisit pas le sens intrinsèque. Néanmoins, elle se laisse guider, ses pieds nus et gelés faisant craquer le parquet sous des pas pressés et timides.

Elle peine à tenir debout, seule sa volonté lui permet de marcher droit. Son corps, endormi, fatigué, aurait préféré demeurer sous les couettes chaleureuses et confortables du lit à baldaquin plutôt que de s'élancer aveuglément au-dehors. Il rumine et peste, mais Faust n'y prête pas attention. Son esprit embrumé lui dicte une direction bien précise. Et elle ne sera en paix qu'une fois parvenue à cet endroit.

La plante de ses pieds gémit à présent, à chaque pas. Elle aurait dû mettre ces fichus chaussons, elle le sait. Au lieu de ça, la voilà errante dans les couloirs de l'université, à six heures quarante-cinq du matin, en proie à une muette crise de nerfs. Son cerveau s'est éteint pour l'instant, il n'agit qu'en vertu d'un désir, d'un instinct, d'un besoin. Et Gaspard le boursouflet termine pour sa part sa nuit entre les épis de sa propriétaire.

Au troisième étage, il y a les jardins suspendus. Faust aime y aller lorsqu'elle sait que personne ne pourra l'y trouver en train de jouer à cache-cache avec ses vieux démons ou ses angoisses de tous les jours. Et c'est encore là-bas qu'elle se rend, à moitié inconsciente, muée par une force qui surpasse l'entendement. Ou le sien, en tout cas.

Seulement, elle ignore qu'elle n'est pas la seule à vouloir disparaître dans la meuble terre, délicate et parfumée. Elle n'est pas la seule à désirer s'enterrer sous ces massifs de fleurs qui font ombre à toute autre forme de beauté.

Ses pieds épousent à présent la terre et s'y enfoncent de quelques millimètres, lui arrachant un soupir de soulagement. L'étau qui tient son coeur pour prisonnier s'émiette, il n'est plus que poussières de pensées. Et, elle, peut enfin respirer.

Mais cette brève sensation d'apaisement, aussi grandiloquente qu'elle soit, s'éclipse lorsque, entre les feuillages, une ombre se découpe.
Faust V. Fitzgerald
Faust V. Fitzgerald
Administratrice de Fidelitas
Eleveuse de Boursoufflets

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MessageSujet: Re: Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...] [Faust] Toute la douceur de l'aube [ne nous sauvera pas...]  [Faust] EmptyDim 6 Mai - 19:51

« Le seul moyen de chasser un démon est parfois de lui céder. »
Paule Saint-Onge

Souvent, je cède. La fuite est la plus douce des tentations, celle qui m'enrobe d'un goût de sucre, de caramel. Et puis, un jour, le caramel file et alors, je me retrouve, étonnée, au milieu de la toile d'une arachnide qui n'attendait que moi pour déjeuner. Soudain, je cède. La fuite est une si douce chute, qui me murmure son amour et sa tendresse au lobe de l'oreille, là où elle est si sensible, là où l'on se courbe au moindre effleurement. Là où l'on cède. Je cède.

L'odeur de la terre humide se glisse dans ses narines et sur sa peau, pour y entraver la peur et l'étrangler. Mais elle est si... maladroite. Elle l'a toujours été... Il n'y a qu'avec les lacets qu'elle est douée, et les boutons. Serrer ses corsets et défaire les boutons. Garder les yeux biens clos, pour s'effacer. Ignorer le son du gravier et des brindilles qui s'écrasent. S'effacer.

Elle sent son coeur, affolé, battre contre sa cage de côtes, de chairs puis de tissu baleiné. Il voudrait s'envoler, elle rêverait de le suivre. Mais non, pas là, pas maintenant, il faut juste... s'enterrer. Faire la morte. Le désirer. Ce n'est pas bien compliquer, c'est un souhait avec lequel elle a souvent joué, elle le connait, c'est un ami fidèle, loyal, pur, sans défaut. Un jour, elle lui cèdera... En toute confiance. Et il l'accueillera.

Elle pose ses lèvres sur la terre, se roule lentement, pour coucher le ventre sur l'herbe tendre qu'elle ne sent pas. Elle hésite un moment puis tend la langue, doucement, pour gouter. C'est étrange. La texture est désagréable. Le goût est... elle ne sait pas le définir. Peut-être acceptable? Pa stout à fait ce à quoi elle s'attendait. Le bruit, là, dans l'allée, continue, et elle se prend à espérer furieusement que cela ne dure plus. Que cela s'arrête, vite, très vite. Son coeur cogne, se prend pour un gorille en cage. Il hurle, il se débat, il se mutile. Elle fixe les yeux sur la terre et sur tout ce que, de si près, elle y voit. Des brins d'herbe morte, des petites choses brillantes, des filaments... blancs...

Elle fronce les sourcils, se penche plus en avant, et observe, concentrée. Champignon? Simple moisissure? Mais... cela bouge un peu, non? Lentement, tout doucement. Elle doit l'imaginer. Son coeur, lui, s'est suspendu, arrêté, tu. Il n'ose plus battre ou se débattre, à peine frémir. Raidie dans l'attente, elle prend soigneusement ses repères: un tel filament ne dépasse pas tel brin d'herbe. Et elle attend. Elle ferme les yeux, un instant. Les ouvre. A un rire. Sec, le rire. Etouffé. Et qui l'étouffe.

Ca a grandi. Elle ferme les yeux, elle sent le gout de la terre, encore, dans sa bouche. Ca doit être... mauvais. Très mauvais. Dangereux. Elle a du en avaler. Et vu comment ça croit...

Elle essaie de se raisonner. La peur, l'angoisse, l'inquiétude, l'affolement. Ce sont toujours de mauvais conseillers. Elle a... une chance sur... sur cent d'avoir avalé de cette chose. Et une chance sur cent que ce soit dangereux. Pas plus. Pas de quoi avoir des sueurs froides. Non, vraiment pas. Il chance infime. Elle étouffe un cri en voyant la chose soulever un de ses filament et celui-ci se tendre vers sa main.

Debout. Recule. En arrière. Vite. Mains plaquées. Sur la bouche. Sur le ventre. Elle crache. Elle retient l'envie de vomir. Pourtant ce serait peut-être mieux pour ne pas laisser la chose croitre, non? Mais c'est si répugnant... Le coeur bat la chamade. Il s'emballe. Il se retourne, il se débat, il s'arrache à son torse... il fait semblant.

Ne pas céder à la panique...

Une autre ombre, à côté d'elle, et elle sursaute. Elle se retourne, les yeux agrandis, et la main qui essuie sa bouche. Une inconnue, mince, jolie, et déjà elle la déteste. Elle baisse les yeux au sol, elle préfère déjà songer à la potion qu'il faudra fabriquer pour avoir les meilleurs chances de tuer la chose. Peut-être devrait-elle, prendre un échantillon? Mais ... pas devant elle. Attendre. Faire semblant.

Ne pas céder à la panique.
Elle a le temps.
Surement.
Il suffit de chasser la petite. Vite.

Prendre une grande inspiration et la faire partir, de quelques mots bien sentis. Rien de bien compliqué, hein? Rien d'impossible. Que du simple.

« Dégage. T'as rien à foutre ici si tôt.»

Son meilleur regard noir, entre ses cheveux qui pendent, lamentablement et son teint que la peur rend blafard...

Souvent, je cède. La peur est une si belle prison, ses barreaux ont le gout du sel. Comme la peau, la mer ou les larmes. Un jour le vent se lève et la mer s'emballe, la tempête éclate et vient remuer les fonds vaseux... Car mes mers ne sont jamais que des lacs, des mares, des flaques. Soudain, je cède. La panique est une si douce noyade, qui me murmure son amour et m'enlace de ses bras d'algue et de murènes. Elle colle ses doigts au creux de mes reins, là où la chair s'émeut trop vite. Là où l'on cède. Je cède.
Hannah Roberts
Hannah Roberts

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