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» Poisonous dusk — Dansëa

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MessageSujet: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyVen 27 Avr - 22:19



» Poisonous dusk — Dansëa Tumblr_lv2v1by2XQ1qhg3f9o1_500


Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

» Fantomatique ;

Comme un bateau naufragé, écrasé contre les rochers par une tempête, l’université magique semblait flotter dans la brume, spectre d’un navire évoluant dans la rosée glaciale, dans le léger vent qui accompagnait cette journée si grise. Telle une vieille dame enveloppé dans son plus bel apparat, le domaine affichait ses perles de brumes et ses volutes de nuit glacée qui passait à peine alors que Noctëa avançait, silencieusement.

Cela faisait presque trois jours qu’elle n’avait pas dormis et elle commençait à comprendre en quoi c’était une torture que de priver les gens de sommeil. Son cerveau semblait vouloir sortir de son crâne, la laissant hagarde, tendue, fragile. Elle était prisonnière de son propre enfer. N’allez pas croire cependant qu’on l’empêchait de se reposer, ce n’était pas le cas. Personne ne s’intéressait à elle, pas assez du moins pour chercher à réellement lui causer du tort. Les restrictions, elle se les imposait elle-même. Comment aurait-il pu dormir, de toute façon, alors qu’elle savait très bien que la première image qui allait se présenter derrière ses paupières closes seraient quelque chose qui risquait de la hanter violemment. Un baiser, brutal, haineux, destructeur, un baiser échangé avec Danslav. Elle serra les dents comme à chaque fois qu’elle pensait à lui et mécaniquement, elle referma sa veste autours de son corps frêle, se sentant ridicule face à ce qui l’accablait et l’immensité du domaine autour d’elle.

Ses pas frappaient le bois du ponton de façon irrégulière et elle avançait sans trop savoir vers quoi, fonçant inéluctablement vers l’eau, idiote choisissant mal le lieu de ses divagations torturées. Il la rendait folle, malade de rage, il la perdait. Pourquoi avait-il rendu ce fichu baiser ? Elle voulait juste lui faire peur, le dégouter, le faire reculer, du moins c’était ce qu’elle se répétait constamment pour ne pas partir un peu plus en vrille. Depuis l’incident, elle avait enchaîné les crises et fuit les espaces trop peuplés, s’éloignant automatiquement du réfectoire et de cette salle commune où elle le croiserait forcément. Elle tournait en rond, perdait toute notion de la réalité et plusieurs fois, elle s’était surprise à rêvasser, détestant ça aussi fort qu’elle pouvait le haïr lui, avec ses yeux clairs et ses cheveux blonds, sa peau si chaude, sa taille imposante, mélange subtil de force protectrice et de menace claire. Quelque part, elle était persuadée qu’il y avait en lui plus qu’une simple brute, qu’il cachait des cicatrices autres que celles dont elle était responsable et pour ça, pour ça elle se détestait. Accorder un peu d’humanité à l’ennemi ne facilitait en rien la tâche, surtout pas lorsque l’adversaire en question provoquait déjà un désir incroyable, ravageant tout sur son passage dans ce corps déjà trop amoché par la vie, pas les ténèbres.

Savait-il, à quel point elle était malade ? Un, deux, trois pas sur le ponton de bois. Les lattes craquaient, retentissant dans la campagne déserte, faisant des échos incroyables sur le lac froissés par la légère brise et les martins pêcheurs. Savait-il qu’elle était folle ? Probablement, après leurs incartades, les insultes, les attaques, après la façon dont elle s’était délectée de son sang… le souci résidait cependant dans le fait que lui agissait de la même façon et que pourtant, elle était presque sûre qu’on ne lui connaissait aucune tare du genre, aucune névrose, aucun trouble. Etait-ce un mal qu’ils provoquaient mutuellement ou le contaminait-elle ? Elle souffla longuement, lâchant les pans de sa veste et allant claquer à quatre reprises l’élastique contre sa peau tendre, laissant une marque rougeâtre par-dessus d’anciennes cicatrices. De différentes tailles et profondeurs, certaines encore légèrement rouges et boursoufflées, elle barbait les bras trop fins de Noctëa comme autant de réminiscence face à ses démons, face à son bourreau.

Les tourments macabres ; la perversion ; l’angoisse et l’agonie.

Elle n’était que ça, bruit et fureur, tremblement et hargne. Poison coulant dans ses veines, horreur alimentant ses songes. L’enfant du chaos et de la peur, née dans ce cloaque putride qui serait sa tombe. Elle secoua la tête, quelques mèches brune comme la nuit quittant la longue natte qui courait sur sa nuque et partait sur son épaule, se mêlant aux légers vents dans une danse gracieuse mais mélancolique, poupée cassée d’une boite à musique désaccordée.

Un bruit dans la distance perturba les oiseaux et la jeune femme sursauta face à cette envolée sauvage. Au loin, un essaim noir quittait le couvert des arbres et alors qu’elle suivait tout cela des yeux, elle réalisa qu’elle n’était plus seule. Danslav. Elle ne le chercha même pas du regard, il n’y avait pas de doute quant à sa présence, quant à ses respirations se mêlant à l’atmosphère immédiate de la petite brune. Pire qu’un spectre, pire qu’un détraqueur, il avait glacé l’air autour d’elle et déjà, sa colonne vertébrale protestait contre la pression auto-imposée. Seule au milieu de nulle part, plantée tout au bout d’un large ponton en bois, Noctëa avala sa salive. Jamais elle n’avait réalisé à quel point le silence pouvait être pesant. Même la bête avait cessé de secouer ses chaines, hommage glauque et pesant.

Le cauchemar d’une nuit sans sommeil tirant sans vergogne sur le voile virginal d’une matinée d’automne.


Dernière édition par B. Noctëa de Nogent le Jeu 18 Oct - 10:24, édité 2 fois
B. Noctëa de Nogent
B. Noctëa de Nogent

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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptySam 28 Avr - 0:09

» Poisonous dusk — Dansëa Sanstitre1ii » Poisonous dusk — Dansëa Isabelle_fuhrman18 » Poisonous dusk — Dansëa Hollowart_al007 » Poisonous dusk — Dansëa Sanstitre2xax
Noctëa & Danslav

« De la haine à l'amour, il ne manque qu'un bon baiser car la haine est de l'amour silencieux. »

Allongé dans son lit, le jeune homme fixait le plafond au-dessus de sa couche, le bras derrière sa nuque tandis que tout ses autres camarades de chambrées ronflaient paisiblement. Ce n'était pas le bruit qui l'empêchait de trouver le sommeil, cela ne l'avait jamais dérangé, mais depuis plusieurs jours, le polonais avait bien du mal à se reposer sans repenser au petit incident qui s'était produit à la bibliothèque. Se retournant une énième fois dans ses draps, il s'allongea sur le côté et soupira. Non contente de pourrir ses journées, elle se devait en plus de venir hanter ses nuits et l'empêcher de dormir. La rage qu'il ressentait à chaque fois que son esprit effleurait le nom de la belle monta en lui plus rapidement que d'habitude et il repoussa le drap au bout de son lit, bien trop énervé à présent pour espérer pouvoir ne serait-ce que somnoler. Sans prendre la peine d'être discret, il se leva, attrapa simplement son pantalon, une chemise et son manteau puis sortit sans plus de cérémonie alors que le soleil n'était même pas encore levé sur les plaines du domaine de Fidelitas. Avant de refermé la porte de son dortoir, il entendit quelques insultes fuser à son propos mais il se s'en soucia pas, tout ce qu'il souhaitait c'était oublier. Oublier ce qui c'était passé il y a trois jours dans la bibliothèque, effacer à jamais de sa mémoire ce souvenir trop présent, trop écrasant, trop destructeur pour sa petite caboche. À cause de son manque de sommeil et son manque d'attention en cours, il accumulait du retard et cela n'avait rien de bon pour la suite. Il évitait au possible la bibliothèque, ayant trop peur de la croiser au détour d'une étagère ou alors à la même place à laquelle il l'avait laissé quelques jours plutôt. Il traversait aussi la salle commune comme une flèche, espérant de jamais la rencontrer dans cet endroit toujours rempli d'une dizaine de témoins potentiels.

Jusqu'ici il s'en sortait pas trop mal. Il avait réussi à l'éviter pendant trois longs jours et il savait que s'il y mettait un peu du sien, il arriverait à finir l'année sans plus jamais poser les yeux sur elle. Et puis à la fin de l'année, il demanderait sûrement à être transféré dans une autre université, ou il abandonnerait simplement ses études et finirait par partir en Roumanie pour élever des dragons. Il était certain qu'au fin fond de la toundra roumaine il y avait peu de chances pour qu'il finisse par la recroiser. Perdu dans ses projets de futur peu glorieux, il laissa ses pieds mener la danse et ne s'aperçut qu'il était dehors seulement quand la brise matinale glaciale le frappait au visage. Il releva la tête et pris le temps d'observer un peu le paysage qui s'étalait devant lui. Le parc était vide pour une fois et il semblait régner sur l'espace vert un silence presque religieux. Même les oiseaux n'étaient pas réveillés et la brume cachait la plus part des arbres un peu plus loin ce qui donnait un air fantomatique au parc. Un fin sourire vint étirer ses lèvres quand il se surpris à repenser à sa Pologne natale. Ce paysage lui rappelait son enfance. Quand il partait pour la journée faire une virée quelconque avec ses parents, à chaque fois il se réveillait avant le lever du soleil et regardait par la fenêtre de sa chambre pour apercevoir au loin la brume qui s'installait sur la cime des arbres. Il se souvenait aussi de ce froid mordant qui lui glaçait le bout des oreilles et du bonnet que sa mère lui enfonçait sur la tête pour qu'il n'attrape pas froid. Mais il trouvait un moyen pour l'enlever et courir sans manteau pour se cacher dans le brouillard. Il n'avait jamais été quelqu'un de frileux et quand ses camarades de dortoirs grelotaient de froid le soir devant leur feu de cheminée, lui se balladait en tee-shirt, près à sortir un short. Après cette pause quelque peu nostalgique, il secoua la tête et s'enfonça dans la brume pour disparaître quelques mètres plus loin.

En quelques minutes il avait parcouru la moitié du parc et se trouvait à errer comme une âme en peine autour du lac. Se penchant légèrement au-dessus de la surface miroitante et lisse, le jeune pût voir son reflet comme un miroir et il fallait dire que l'image que le lac lui renvoyait n'était pas la meilleure que Danslav ait pût voir. Ses yeux étaient cernés de violet, son teint était plus pâle que d'habitude et tout son être semblait crier à l'aide. Le jeune homme avait du mal à se reconnaître. Comment une simple sang-de-bourbe pouvait causer autant de dégât à un sorcier tel que lui ? Une simple gamine, chétive, plus pâle que la mort. Absorbé par son image sur l'eau, le polonais ne se rendit pas compte que lentement il s'avançait vers la surface du lac et avant qu'il ne s'en rende compte, tout son poids était partit vers l'avant et l'emportait vers l'eau gelé de la mare. Immédiatement, il eut la respiration coupée par le froid, comme si un étau compressait son thorax. L'eau formait comme un cocon autour de lui, un cocon recouvert d'aiguilles si minuscules qu'elles se glissaient sur toute la surface de sa peau et s'amusaient à le percer de part en part, encore et encore. Puis doucement, le silence qui l'enveloppait semblait si reposant qu'il se laissa couler dans l'eau, se rapprochant dangereusement du fond de seconde en seconde. Puis une pression effroyable comprima son cerveau et il sût qu'il était temps de remonter à la surface.

Alors que le vent lui avait fait remonter des souvenirs plutôt agréables, les seuls qu'il avait en réalité, quand il était sortit, il devenait à présent un ennemi juré qui semblait prendre un malin plaisir à le torturer à son tour. Tremblant comme une feuille dans une tornade, il tentait tant bien que mal d'enlever sa chemise qui lui collait à la peau comme une sangsue au bras de quelqu'un. Il réussit tout de même à enlever le vêtement, l'essora du mieux qu'il pût, fit de même pour son manteau et enfila ce dernier avant de repartir vers le château. Ses doigts commencèrent à devenir bleus alors qu'il n'avait pas encore atteint le ponton et il sentait ses oreilles lui brûler à cause du froid. Finalement il réussit à monter sur le pont en bois, des morceaux de glace dans les cheveux, transit de froid mais se tenant toujours aussi droit, comme si de rien n'était, quand il aperçu une silhouette dans la brume. Bien vite il reconnu la jeune femme qu'il essayait d'éviter par dessus tout et se stoppa immédiatement. Avait-il le temps de faire demi-tour et de partir mine de rien ? Trop tard, elle venait d'amorcer un coup visuel et il était trop tard pour fuir. Sans bouger, la chair de poule envahissant la moindre partie de son corps, il la fixa un moment avant de se rendre compte qu'elle avait baissé les yeux et parcourait son torse d'un regard qu'il ne lui connaissait pas. Soudainement devenu pudique, le jeune homme referma son manteau, collant le vêtement glacé sur sa peau et fronça les sourcils, quelque peu réchauffé par le feu de la haine qui coulait en lui. « Par Merlin va te trouver un mec espèce de tarée. » laissa-t-il simplement échappé entre ses dents serrés tant par la colère et que le froid.

Un dernier frisson le secoua tandis qu'il attendait qu'elle se pousse du chemin pour passer. Il n'allait sûrement pas prendre le risque de passer trop près d'elle et qu'elle lui saute dessus comme à la bibliothèque. Oh, ça non.
Danslav P. Leonidovik
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptySam 28 Avr - 11:20



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Danslav avait crevé la surface de l’eau, c’étaient ses mouvements qui avaient dérangés les oiseaux, c’était lui qui créait le vacarme soudain, tout était de sa faute, du moins il n’en fallait guère plus à Noctëa pour penser de la sorte. Il n’attirait pas les ennuis, non… il était les ennuis, il était le mal, le sombre, il était l’incarnation de la colère, de la haine et partout où il allait, il empoisonnait, il tordait, tâchait, abimait… Ou bien c’était elle. La prophétie était peut-être vraie, elle n’était peut-être qu’un monstre arrivé sur terre pour semer le chaos et rependre les ténèbres… Elle secoua la tête en l’observant, la gorge serrée, le cœur brulant de rage et d’incompréhension.

Il était sorti du lac sans de la remarquer. Il s’était mis à bouger sans noter sa présence, sans réaliser qu’elle l’observait, qu’elle le fixait à nouveau. Cela devenait une habitude, se tenir dans la distance, le détailler, s’approprier chacun de ses mouvements, ses légers tics, ses expressions, sa façon d’évoluer. D’une certaine façon, elle était impressionnée par la grâce étrange qui se dégageait de lui. Il était si grand, si massif, il aurait dû être pataud, gauche, il n’aurait pas dû la fasciner de la sorte. Elle avala difficilement sa salive en réalisant qu’elle n’arrivait pas à détacher son regard de lui alors qu’il retirait son manteau et sa chemise. Jusqu’à présent, si elle avait été parfaitement consciente du fait qu’il s’avérait imposant, elle n’avait jamais réellement fait le rapprochement avec la largeur de ses épaules, la taille de ses bras, la force brute qui se dégageait de son torse ciselé. Les joues de la petite brune chauffèrent aussitôt, explosion de couleur dans la rosée glaciale, dans le léger vent d’automne. Elle osait à peine imaginer la violence du froid sur sa peau. Elle qui tremblait déjà en dépit de son manteau, elle était capable de réaliser à quel point la morsure du petit matin devait être brutale. Peut-être plus brutale que ses propres dents s’enfonçant dans la chair du jeune homme… Perchée sur le ponton, elle le regarda enfiler à nouveau son manteau trempé et remarqua la lenteur dans ses gestes, traitre et évidente. Le froid le gagnait doucement et étrangement, elle sentit son cœur se tordre à cette idée, comme si elle était la seule à avoir le droit de le blesser.

Il posa finalement ses yeux sur elle, en remontant vers l’université et elle nota immédiatement le changement. Il s’était cru seul et à présent, il sentait le besoin de fermer son manteau pour se cacher, comme si une pudeur venait de s’installer. Trop tard, elle avait pu l’observer, elle avait vu la marque donc elle était responsable, juste en dessous de son nombril, cette nouvelle cicatrice qui datait de l’incident à la bibliothèque. Elle afficha un minuscule sourire, se détestant de l’avoir dévisagé et sachant très bien que son esprit se servirait de tout ce qu’elle avait vu contre elle. La bête aimait la chair et connaître avec précision la peau du grand blond ne ferait que rendre les rêves plus réalistes, plus perturbant. Elle trembla légèrement, trop doucement pour qu’il ne le voit. Camisolé dans sa rage autant que dans les engelures qui arriveraient sous peu, il lança simplement : « Par Merlin, va te trouver un mec espèce de tarée. » Peut-être avait-il raison. De la traiter de tarée autant que de lui dire de se trouver quelqu’un pour se distraire. Mais alors qu’elle remarquait les morceaux de glace se formant dans ses cheveux blonds, elle réalisa qu’elle n’avait aucun intérêt dans le reste de la population et que l’avoir dans ses songes, dans ses cauchemars, juste lui, était quelque part suffisant. Tordu, malsain mais suffisant, quand bien même elle n’osait plus dormir de peur de se retrouver nez à nez avec lui.

Se faisant violence pour ne pas simplement s’effacer, elle ne le lâcha pas du regard, détaillant son visage colérique et fermé. Il portait sur lui toute la fatigue qu’elle se connaissait. Il semblait plus terne, plus faible, presque touchant, colosse aux pieds d’argile. Il était devant elle et malgré sa taille, malgré sa force, une faiblesse latente émanait de lui. Souffrait-il comme elle pouvait se tordre le cœur, perdu dans les souvenirs des coups, des insultes et du baiser, ce baiser qu’il avait rendu, auquel il s’était abandonné, la lovant contre lui pour ne pas la voir s’éloigner ? Elle frissonna en repensant à tout ça, mourant doucement d’envie de lui demander ce qui lui était passé par la tête mais se retenant parce qu’elle savait qu’il retournerait la question. Elle avait une excuse, certes, elle pourrait dire qu’elle avait voulu le dégouter, mais c’était là se mentir à elle-même car s’il n’y avait eu que ça, elle n’aurait pas pensé à lui de la sorte. La vérité était pesante mais elle ne pouvait s’en cacher réellement. Elle en avait crevé d’envie et cédé à la tentation, attirée par le danger, par la violence entre eux, fascinée par sa brutalité et son intensité, par le feu trop fier qu’elle pouvait voir en lui… Le brasier brulait encore, alimentait par son orgueil, même lorsqu’il semblait prêt à la tuer à mains nues pour en finir. Elle passa outre, ignorant complètement le danger et faisant un pas en avant vers lui. « Tu vas attraper la mort » souffla-t-elle, avec une voix qui trahissait sa folie, son attirance pour la noirceur, comme si quelque part, c’était presque une bonne chose que d’aller saluer la chauffeuse, emprisonné dans une pneumonie vicieuse attrapée après un plongeon dans le lac. Elle se foutait bien de savoir pourquoi il était allé dans l’eau, les bizarreries de ce genre ne la touchaient pas, malgré sa curiosité décalée. Il faisait bien ce qu’il voulait, tant qu’il ne la plantait pas là, tant qu’il ne filait pas et ne mettait pas un terme à la rencontre, pas si vite. Elle sentit ce sursaut farouche, cette envie de l’avoir près d’elle encore un petit moment et ne sut qu’en faire, aussi elle tira simplement sa baguette, la pointant sur lui sans agressivité.

Elle ne comprit pas pourquoi mais elle lança un sortilège informulé, envoyant sur lui une multitude de petites flammes invisibles, très douces, comme des millions de doigts courant sur sa peau qui déjà tirait sur le bleu. Il y avait là trop de langueur, trop de tendresse même, mais tout ce qu’elle parvint à changer vu l’intensité des flammes, augmentant la chaleur alors que le sort se propageait sur son torse, son cou, son dos, passant sur ses épaules, remontant contre ses tempes. Il fallut presque une minute pour qu’elle ne réalise la sensualité dans les attaques, le fait que chaque contact ressemblait probablement à des souffles sur sa peau, des murmures heurtés lancés au cœur d’une étreinte. Elle ne cessa pas pour autant, faisant même un nouveau pas en avant, se retrouvant suffisamment près pour entendre ses respirations. Sans savoir ce qui lui passait par la tête, elle continua à le réchauffer méthodiquement, mettant dans son sortilège bien plus qu’elle ne l’aurait souhaité. La bête releva une oreille, puis sa tête, jetant un coup d’œil au jeune homme et grognant sourdement, méfiante. Jalousie ? Peut-être. Après tout, combien de gens avait le droit de torturer la jeune femme ? Elle afficha un sourire presque fou et souffla tout doucement « Tu as une sale tête, du mal à dormir ? » se mordant ensuite la lèvre inférieure pour ne pas rire, démente. Comme une gosse avant noël, elle attendait, elle espérait qu’il s’agace, lui prouvant qu’elle avait raison et qu’il y avait, dans tout ça, un semblant de réciprocité.

Se détruire le cœur à deux seraient surement bien plus efficaces, bien plus catastrophique, comme une mélodie lugubre jouée à quatre mains…


Dernière édition par B. Noctëa de Nogent le Jeu 18 Oct - 10:26, édité 1 fois
B. Noctëa de Nogent
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptySam 28 Avr - 13:21

Pourquoi fallait-il qu'elle apparaisse toujours devant lui sans qu'il ne remarque rien ? Elle était plus silencieuse qu'un chat, plus insaisissable qu'une ombre et plus dangereuse que la peste. Elle arrivait toujours à pas de loup et se plantait devant lui, toujours à le fixer de son regard de glace sans décrocher un mot. Il était toujours le premier à démarrer les hostilités et bien souvent, c'était aussi lui qui y mettait un terme. Aujourd'hui n'échapperait pas à la règle, enfin s'il réussissait à rester en vie jusqu'à la fin de l'affrontement car pour l'instant ce n'était pas gagner. Il lui semblait que le vent soufflait de plus en plus fort, ou c'était simplement lui qui perdait progressivement toute sensation dans le bout de ses doigts et toutes les autres extrémités de son corps. Il fut secoué d'un frisson et se maudit d'être tombé sur elle dans une situation si dégradante pour lui. Il se devait d'être irréprochable à chaque fois qu'il la croisait où elle en profiterait pour frapper là où ça faisait mal, comme lui ne se gênait pas pour la torturer sur son apparence de banshee ou ses crises de nerf digne d'un échappé d'asile. Resserrant les pans de son manteau autour de lui, il se maudit de ne pas être resté dans le lac, au moins il ne souffrirait plus de rien, écrasé par la pression de l'eau. Alors qu'il reposait son regard sur son visage pâle, il remarqua non seulement qu'elle avait fait un pas vers lui mais qu'elle n'avait pas non plus bonne mine. Il était habitué à poser son regard sur sa figure fine et blanche mais là, c'était pire que d'habitude. Il remarqua aussi qu'elle commençait elle aussi à avoir des marques autour de ses yeux et jubila un instant, s'imaginant pourrir chaque minute de repos qu'elle essayait d'avoir.

« Tu vas attraper la mort » finit-elle par répondre, comme fascinée par le fait qu'il pouvait tomber malade. Oui après tout il n'était qu'un homme et il était certain que s'il restait encore une minute de plus dans un courant d'air, trempé comme il était, il allait finir par tomber et mourir simplement d'hypothermie. Alors qu'il allait lui balancer une réflexion cinglante sur le fait qu'il ne serait pas plus mal d'attraper la crève et d'en succomber car au moins il serait débarrasser de sa présence, elle pointa sa baguette vers lui et il fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir. Allait-elle lui lancer un doloris pour qu'il se tordre à ses pieds et qu'il se réchauffe ainsi ? Connaissant la jeune femme, elle en était capable et avant même qu'il ne puisse faire un pas en arrière une douce chaleur commença à envahir la moindre parcelle de son corps. Était-elle en train de lui lancer un sort pour le réchauffer ou était-il simplement en train de rêver ? Lentement il sentait chaque flammes parcourir sa peau qui commençait à virer au bleu-violet et ne pût que se décrisper tant le fait de retrouver des sensations dans tout son être était agréable. Il ferma les yeux un instant, un court instant pour apprécier pleinement l'impression d'être à côté d'un feu de cheminée ou enrouler dans une couverture polaire mais se rappela qu'il n'était pas seul et repris son air belliqueux qu'il portait habituellement. Puis frappé d'un éclair de génie, il remarqua que les flammes invisibles formaient comme des mains qui courraient sur son corps et il se sentit mal à l'aise pendant quelques secondes appréciant un peu trop ce contact indirect entre la jeune femme et lui. Les vêtements à présent presque secs, il passa une main énergique dans ses cheveux pour faire tomber l'eau de ces crins blonds et remarqua à nouveau que Noctëa s'était encore rapproché.

Sa fierté l'empêchait de faire un pas en arrière mais pire que tout, il la voulait toujours plus près de lui. C'était mal il le savait mais une partie de lui voulait de nouveau sentir ses hanches entre ses mains et son corps contre le sien. Il se gratta la nuque, là où les doigts de la belle avait laissé des marques aussi et fronça les sourcils quand il aperçut le sourire fou de la jeune femme. « Tu as une sale tête, du mal à dormir ? » demanda-t-elle en ricanant presque puis en se mordant la lèvre inférieure pour ne pas céder à la folie sûrement. Et c'était repartit. Il suffisait qu'elle ouvre la bouche pour qu'il retrouve cette haine et ce dégoût qu'il ne contrôlait pas. À son tour il s'avança et se pencha quelque peu pour arriver à sa hauteur. Il voulait observer ce visage de plus près, déceler au fond de ces pupilles quelque chose qui lui expliquerait pourquoi il ressentait ces émotions totalement contradictoires. Pourquoi il avait tant envie de refermer ses mains autour de son cou gracile tout en voulant l'embrasser comme à la bibliothèque. « Quel sens de l'observation. » ironisa-t-il en levant les yeux au ciel une fois de plus. « Pour tout te dire oui j'ai du mal à dormir en ce moment. J'ai pas vraiment envie de me réveiller en sentant que tu essayes de m'étouffer avec ta langue. » Voilà, il n'aurait qu'à faire ça, rejeter toute la faute sur ses épaules, après tout c'était elle qui avait commencé à l'embrasser pas l'inverse. Certes il lui avait rendu son baiser mais il pourrait simplement faire passer ça pour de la pitié, comme si il lui avait fait une faveur en lui accordant cette marque de tendresse. À cette simple idée, il frissonna de nouveau mais ce n'était pas de froid à présent, simplement de dégoût, envers lui-même et surtout envers la silhouette presque squelettique de la poupée qui se trouvait devant lui et qui ne bronchait toujours pas. « Mais je pourrais te retourner la question. T'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi ces derniers jours. » puis un sourire vint fendre ses lèvres comme s'il connaissait déjà la réponse à ses insomnies.
Danslav P. Leonidovik
Danslav P. Leonidovik

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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyLun 30 Avr - 17:12



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Un pas. C’était tout ce qu’il fallait à Danslav pour détruire définitivement cette distance entre eux, pour ruiner la sécurité. Il était grand, imposant, en une seule foulée il se retrouva planté devant elle, la toisant sans se gêner, la dévisageant sans en rougir. Pourquoi aurait-il été gêné, quand elle l’observait de la même façon ? Elle retint un tremblement pourtant, car il y avait quelque chose de profondément dur dans son regard. Des millions de questions, de reproches, des accusations, des attaques poignantes… Tant de haine, tant de chaos, elle crû pendant quelques secondes trouver une explication à leur haine. Ils se ressemblaient, avec cette force incroyable qu’ils ne savaient contrôler, cette différence, cette rage bouillonnante qui coulait dans leurs veines. Il était le penchant à sa folie et elle devait être l’équivalent de sa tare, de sa violence. Elle déglutit sans mot dire, se demandant s’il la frapperait si elle osait évoquer cette idée d’âme-sœurs-brisées… Ils n’étaient que ça, au fond, de gamin rongé qui ne se comprenaient pas et n’avait jamais rien ressenti d’aussi fort, d’aussi atrocement tranchant. Chacun des souffles du jeune homme s’écrasant sur sa peau d’albâtre était comme un parjure mais elle ne cilla pas, trop orgueilleuse pour ça, trop perdue pour laisser filer un semblant de repère, quand bien même c’était là le refuge de la colère et l’antichambre de la destruction. Elle fonçait droit dans le mur, oui, mais au moins elle n’y allait pas seule et elle pouvait voir la cause du carnage. Danslav Leonidovik, bourreau en puissance dont le moindre mot était à même de la faire flancher, de la coller par terre, sur le bois humide du ponton… Cela ne serait, après tout, que la troisième fois qu’elle perdait l’équilibre face à lui. A ce demander s’il n’y avait pas dans son aura une puissance vicieuse qui tapait méthodiquement derrière les genoux de la petite brune pour accentuer encore plus la différence de taille entre eux.

Le jeune homme la ramena sur terre en quelques mots : « Quel sens de l'observation. » Il leva les yeux au ciel et Noctëa en fit de même, trop vite pour qu’il le voit cependant. Avait-il besoin de jouer au plus malin ? Elle secoua doucement la tête, ne disant rien cependant, attendant qu’il réponde à sa question. D’une certaine façon, puisqu’elle se montrait sarcastique et qu’elle le provoquait, il pouvait bien user d’ironie, c’était surement de bonne guerre... « Pour tout te dire oui j'ai du mal à dormir en ce moment. J'ai pas vraiment envie de me réveiller en sentant que tu essayes de m'étouffer avec ta langue. » La jeune femme avala à nouveau sa salive avec difficulté. Il niais donc toute responsabilité dans l’échange, dans cet incident qui la hantait depuis trois jours. « Mais je pourrais te retourner la question. T'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi ces derniers jours. »

Noctëa commençait à croire que c’était une manie, chez lui, de toujours retourner la conversation. Se rassurait-il ? Probablement. En prenant les accusations ou les remarques qu’elle pouvait lui faire, il cherchait à savoir qu’il n’était pas le seul dans la situation. D’abord avec les rêves, maintenant avec les insomnies. Il ne devait pas s’attendre à ce qu’elle sourit à cet instinct et pourtant, elle le fit, presque démente à nouveau alors que la bête la poussait à baisser le regard, non pas par soumission mais par curiosité. L’espace d’une seconde, elle céda, ses yeux quittant les iris du Redstone pour regarder ses clavicules que la colère et la tension faisaient légèrement saillir. Etait-il si faible qu’il avait besoin de trouver son appuie sur une gamine complètement tarée ? Elle retint de justesse un éclat de rire caquetant et quelques bouffées de condensation quittèrent ses lèvres.

Décidant de jouer la provocation, elle croisa les bras et darda sur lui un regard plein de défiance. Elle ressemblait probablement à une gamine, à cette même gamine qui avait manqué de tuer sa nourrice en découvrant ses pouvoirs. Elle était presque sûre que, dans ses iris, dansaient des éclats de folie tous plus visibles les un que les autres, un feu d’artifice pour Danslav qui la fixait, qui cherchait à la déstabiliser. Cela marchait, mais elle aurait préféré se damner que de lui montrer l’effet qu’il pouvait avoir sur elle, sur sa raison, sur son pauvre petit cœur. Elle resta ainsi, silencieuse, immobile, presque hautaine pendant quasiment une minute avant de subitement tendre la main, se faisant pratiquement sursauter toute seule. Il lui fallut moins d’une seconde à la petite brune pour venir passer son pouce sur les lèvres du jeune homme, soufflant « Tu devrais essuyer ce sourire, tu sais très bien qu’il ne va pas durer… » Elle ne recula pas son bras, malgré le danger que cela représentait de montrer son poignet à Danslav. Entre les cicatrices sur sa peau et la façon dont il risquait surement de lui saisir la main pour lui briser l’articulation, en réponse à l’affront qu’était de l’avoir touché, auxquels s’ajoutait le côté fou de ce geste déplacé, elle avait parfaitement conscience des risques. Elle jouait cependant sur la surprise. « Après soixante-douze heures sans dormir, il paraît que le cerveau ne tient plus, qu’on devient complètement taré… tu as vraiment envie d’essayer ? » souffla-t-elle, oubliant de préciser qu’elle en était elle-même là, que le quota était déjà dépassé.

L’espace d’un instant, elle baissa le regard pour fixer sa manche qui avait glissé, révélant les marques sur sa chair, les entailles qu’elle se faisait si souvent. La dernière était encore carmin, fraiche et du sang y perlait, trahissant l’âge de la mutilation. Moins d’une journée, quelques heures à peine à vrai dire, la cicatrisation avait à peine commencé. Et dans la courbe que prenait cette marque-ci, la dernière en date, on pouvait distinguer une forme, simple, presque enfantine dans son tracé, une forme à la faire pâlir de honte ou presque.

…Un petit « D » rouge sang contre sa carnation dénuée de pigments naturels.


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyLun 30 Avr - 19:33

Elle ne reculait pas. Même quand le jeune homme se trouvait à quelques centimètres de son visage et que d'un doigt, il pourrait la faire tomber dans le lac gelé et la laisser là. Elle ne reculait jamais. Et c'était cette attitude défiante et fière qui le poussait à la détester. Comme un gamin trop gâté qui s'énerverait tout seul parce que son jouet ne lui obéissait pas. Ça et son statut de sang et ce trop grand désir qu'elle faisait naître en lui et ce sourire suffisant qu'elle affichait et cette aura de ténèbres qu'elle dégageait... Il y avait tant de choses qu'il haïssait en elle et pourtant il restait là lui aussi, planté tout en la dévisageant essayant de comprendre pourquoi elle ne reculait pas et pourquoi elle ne lui obéissait pas comme les autres le faisait. Alors qu'il essayait toujours d'obtenir des réponses en se plongeant dans ce cadre sombre, elle brisa le contact en baissant les yeux et le jeune homme en fut étonné. C'était bien la première fois qu'elle baissait les yeux devant lui et une sensation bien étrange envahit le jeune homme qui ne sût comment réagir. Devait-il sauter de joie sur place ? Venait-elle de capituler et retourner se coucher à présent ? Pendant une fraction de seconde, une fraction de seconde dérangeante à vrai dire, Danslav ne voulait pas qu'elle parte. Qu'allait-il faire maintenant qu'elle allait le fuir et baisser la tête à chaque fois qu'il allait rentrer dans une pièce ? La machine semblait s'emballer et le jeune homme paniqua, toujours en quelques secondes, de manière imperceptible, bien trop doué pour cacher certaines de ses émotions, il imagina son monde sans Noctëa. Et pour tout dire, c'était un monde bien fade dans lequel il ne serait pas vraiment satisfait. Alors qu'il voulait à tout prix la détruire, la simple idée de ne plus l'avoir dans les pattes à le faire partir en vrille, le tuait carrément.

Finalement elle releva la tête et le jeune polonais eu bien du mal à ne pas reculer face à la folie qu'il devait à présent contempler dans les yeux de la brunette. C'était à la fois envoûtant et effrayant de voir tant de flammes danser au fond de sa pupille mais de la voir si calme à l'extérieur. Il se demanda pendant un instant si sa rage et son désir pouvait se voir à travers son regard comme il pouvait scruter la folie dans celui de la française. Pendant une longue minute ils continuèrent à se regarder et Danslav ne pouvait plus détacher ses yeux de ceux de la jeune femme, comme un serpent séduit par le son de la flûte de son charmeur. Il ne réalisa même pas qu'elle avait bougé avant de sentir sa main effleurer son visage, et plus précisément son pouce qui touchait ses lèvres. Il entrouvrit la bouche pendant un instant, près à passer ses lèvres autour de son doigt mais se ressaisit rapidement alors que les mots lancés venaient de monter à son cerveau. « Tu devrais essuyer ce sourire, tu sais très bien qu’il ne va pas durer… » Et comme pour la faire mentir, il garda ce sourire suffisant et légèrement amusé par la situation, alors qu'il n'y avait rien d'amusant dans leurs façons de se regarder. « Après soixante-douze heures sans dormir, il paraît que le cerveau ne tient plus, qu’on devient complètement taré… tu as vraiment envie d’essayer ? » Et pour une fois, le blondinet la cru sur parole. Il ne fallait pas être un génie pour voir qu'ils avaient tout les deux du mal à réagir correctement ce matin. Lui avait finit dans le lac tandis que elle, affichait librement sa folie sans craindre les débordements.

Quittant enfin son visage, le regard de Danslav fut attirer par une trace rouge qui traînait sur le bras toujours aussi pâle de la belle. Une marque à laquelle il n'avait jamais fait attention. Peut-être parce qu'elle était fraîche, encore sanglante sur son bras si fin. Saisissant le poignet de Noctëa sans violence, il recula son bras de son visage pour observer cette marque qui l'intriguait tant et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que graver là, dans la chair à vif, un petit D trônait. Il ne savait pas s'il devait se mettre en colère ou plutôt être ravi de voir qu'elle avait tellement besoin de lui qu'elle s'était ouvert la peau pour l'avoir toujours avec elle. Il lui fallu quelques secondes pour réagir et finalement, avant tout mouvement, il dit : « D'après ce que je vois, t'as déjà dût dépasser tes soixante-douze heures... » Puis de son autre main, celle qui portait les marques des dents de la belle, il vint essuyer les quelques traces de sang qui avait séché avec le temps, prenant quand même un malin plaisir à appuyer plus qu'il n'aurait dût. Il tourna une dernière fois le poignet de la belle pour être sûr qu'il s'agissait bien là de l'initiale de son prénom et finalement il fut plutôt flatté de cette marque sur sa peau. Mais il manquait quelque chose. « Si c'était une marque qui te ferait penser à moi que tu voulais, il fallait venir me demander. » Un sourire carnassier étira ses lèvres, dévoilant légèrement ses dents, et sans prévenir il saisit la main de la belle et mordit au même endroit où elle l'avait mordu quelques mois plus tôt. Il n'y mis pas toute sa rage comme elle l'avait fait avant, mais il força assez pour percer la peau et sentir à son tour l'enivrante sensation du sang dans sa bouche. Avant qu'elle ne puisse réagir, il se dégagea de son bras et fit quelques pas en arrière, assez pour ne plus être à porter de ces mains, juste au bord du ponton et finit par cracher le surplus de sang dans sa bouche, comme s'il se refusait à goûter ce sang si impur. Il sourit une nouvelle fois, affichant des dents colorées par le liquide carmin qu'il venait d'avaler. Il sentit une goutte couler au coin de sa bouche mais ne prit même pas la peine de l'essuyer, fixant la jeune femme d'un air plutôt satisfait. « Apparemment je viens d'entrer dans ma soixante-treizième heures sans sommeil. » finit-il par dire tout en retenant un rire.

Il était terrible de voir à quel point, à ce moment même, ils se ressemblaient.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyLun 30 Avr - 21:16



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Il vit la marque bien trop tôt. Il avait baissé le regard, ses yeux glissant sur son poignet et tombant, finalement, sur la marque, sur cette gravure primaire, cette trace qu’elle avait laissé dans sa peau simplement parce qu’il l’obsédait et qu’elle s’était retrouvée avec un objet pointu dans les mains. Il ne lui en fallait pas plus, depuis longtemps d’ailleurs. Ce rituel avait, depuis bien des lunes maintenant, dépassé le stade de l’évacuation de douleur. Il n’y avait plus vraiment de vertus thérapeutiques dans le geste, elle le faisait juste parce qu’elle pouvait le faire, parce qu’elle aimait la sensation, l’impression de contrôler son mal, parce qu’elle trouvait un malin plaisir à percer sa peau pour laisser glisser une lame glacée dans sa chair. D’une certaine façon, lorsque d’autres portaient des bijoux, des tatouages, Noctëa choisissait des perles de sang sur sa peau délicate, sa peau couverte de bleu. Elle aimait chacune de ses cicatrices, même les plus profondes, même celles assorties à des souvenirs douloureux… Même celle qu’il fixait à cet instant précis, un sourire goguenard trainant sur ses lèvres.

Il avait attrapé son bras et à présent, il la faisait bouger pour mieux observer. Lorsqu’il se trouva à une distance qui devait lui convenir, il s’arrêter. Il n’y avait absolument aucune violence dans ses gestes, si bien que c’en était dérangeant… d’ailleurs, Il sembla étonnement calme, raisonnable, lorsqu’il souffla sans plus bouger le moins du monde : « D'après ce que je vois, t'as déjà dût dépasser tes soixante-douze heures... » . La légère pique passa à la trappe car avant même qu’elle n’ait pu répondre, il avait tendu sa main libre, celle portant les traces de dents de la jeune femme, et il avait posé ses doigts sur la trace boursoufflée laissée par la lame de rasoir quelques heures plus tôt. A cet instant précis, Noctëa n’était pas fichue de dire s’il cherchait à se montrer doux ou brutal. Malgré la langueur de ses mouvements et le fait qu’il se retrouve à essuyer le sang, il y avait là un paramètre non négligeable : il appuyait, franchement, sur les contours de la lettre, comme pour lui faire mal tout en s’assurant que c’était réel, que c’était bien là. Accrochée à lui, l’observant, elle réalisa avec une certaine satisfaction que la douleur était plaisante… Il y avait quelque chose de brisé en elle, quelque chose qui la rendait capable d’aimer ce genre de contact tordu… Elle cacha son sourire et bientôt, lui rajouta : « Si c'était une marque qui te ferait penser à moi que tu voulais, il fallait venir me demander. »

Elle sentit, à l’instant où il prononça les mots, qu’il allait faire quelque chose de stupide. Sure Enough, quelques secondes plus tard, une douleur électrique lui perçait le bras, vrillant ses nerfs, sa chair, les quelques muscles qu’elle pouvait posséder, remontant jusqu’à son épaule et lui donnant l’impression qu’il cherchait à déboiter sa clavicule. Les yeux fermés, perdue dans le noir, elle sentait les dents du jeune homme s’enfoncer dans sa main, la texture s’ouvrant sous les incisives alors que son sang, chaud, coulait déjà, la lançant à chaque battement de cœur. La seule chose à laquelle elle pensa fut ‘Connard’ mais le mot se perdit dans un glapissement qu’elle ne sut étouffer. Quelques secondes plus tard, elle le regardait à nouveau et vit qu’il reculait.

Il avait son sang dans la bouche, son hémoglobine sur les lèvres, les dents, une perle rouge menaçait même de courir jusqu’à son menton. Il avait l’air dément et elle sentit son cœur se tordre, brutalement, encore plus fort qu’elle pouvait avoir mal à la main, au bras… son bras qui pendait à présent le long de son corps, des gouttes carmins tombant de façon irrégulière sur le bois sombre du ponton. Il recula, encore et encore, s’assurant surement qu’elle ne puisse rien contre lui et puis d’une voix amusée, aussi folle que celle de Noctëa, il lâcha : « Apparemment je viens d'entrer dans ma soixante-treizième heures sans sommeil. »

Elle connaissait cet air qu’il abordait, elle le connaissait pour l’avoir déjà vu. Dans un miroir. Et cela la choquait. Surement, elle ne pouvait pas être si… belle, lorsqu’elle partait en vrille. Il avait autours de lui un halo, une aura, des ténèbres attirantes, fascinantes. Et elle, pantelante, ridicule avec sa main en sang, elle se tenait là sans plus bouger, prise de court par trop d’envie, trop d’intensité entre eux. Il était trop loin, simplement trop loin et elle avait envie de lui faire mal à son tour.

Doucement, trop surement, elle força sur son bras pour le remonter devant elle et fixant le liquide vermeille qui tâchait sa peau, elle afficha un sourire. L’instant d’après, elle avait serré ses doigts en un poing vengeur, tirant volontairement sur la peau, sur la chair à vif. Brillante idée. Un hurlement de douleur glacial fendit l’air du parc alors qu’elle se pliait en deux, submergée par le mal, ayant l’impression d’agoniser, se sentant prête à tourner de l’œil. Ce n’était rien pourtant… peut-être était-ce atrocèment douloureux parce que ça venait de lui… Elle reporta son attention sur Danslav et dans la seconde qui suivit, elle pencha la tête, vengeresse, avant de lui foncer dessus, vive, déterminée.

Il devait faire pratiquement le double de son poids et comparée à celle du grand blond, sa taille était insignifiante. Elle avait cependant la vitesse et la rage, aussi réussit-elle à le faire bouger. Mauvaise, elle planta son épaule puis son coude valide dans ses côtes pour le faire tomber à l’eau, n’ayant juste pas prévu de partir avec lui. Elle tomba avec lui, lâchant un nouveau cri de douleur qui se fit étouffer par le fracas de l’eau, sombre et glacée, cette eau qui immédiatement l’étrangla et la fit trembler comme une feuille. Le contact avec la plaie était atroce mais clairement, ce n’était pas le pire. Alors que ses vêtements s’imbibaient, collant à son épiderme rendu encore plus diaphane pas la température, elle eut l’impression que ses poumons avaient gelés. Il lui fallait bouger, et vite. Perdue, désorientée, elle tourna sur elle-même à la recherche du jeune homme, tombé pas loin et l’instant d’après, elle se retrouva avec ses mains sur ses épaules. La douleur causée par une utilisation violente de celle qu’il venait de meurtrir la fit trembler et elle manqua à nouveau de tourner de l’œil mais ne s’arrêta pas pour autant. « Connard, Connard » répétait-elle, à défaut d’autre mot. Elle aurait pu le traiter de cauchemar tout comme elle aurait pu jurer le haïr, ou bien souffler dans la bagarre qu’elle était folle de lui… à la place, elle se bornait à un mot, ce mot qu’elle répétait encore et encore, frénétiquement, en cherchant à le couler, petite créature bien farouche.

Le souffle court, elle croisa son regard et se laissa retomber dans l’eau glaciale sans plus se débattre, terrifiée parce qu’à nouveau, elle ressentait le besoin urgent de se jeter à son cou pour l’embrasser. « Espèce de monstre » souffla-t-il finalement, alors qu’elle se faisait violence pour ne pas lui sauter dessus, sentant ses lèvres virer aux bleus mais étant trop en colère et trop perdue dans son désir soudain pour craindre réellement le froid autrement que pour la douleur physique qu’il imposait…


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMar 1 Mai - 10:00

Peut-être était-ce le manque sommeil ou peut-être était-ce simplement lui qui pétait un câble. Peut-être avait-il juste envie de voir ce que cela faisait d'être à sa place, d'être celui qui fait couler le sang pour une fois. En tout cas tout ce qu'il pouvait dire c'est qu'il prenait un plaisir malsain à sentir le sang de la belle couler dans sa gorge. Il avait encore du liquide carmin plein la bouche, il pouvait même le sentir glisser dans son œsophage, et le goût métallique semblait lui faire tourner la tête. C'était comme boire de l'eau fraîche après une traversée du désert de plusieurs jours ou savourer son dessert favori après avoir fait un régime draconien de plusieurs mois. Il avait toujours ce sourire dément accroché aux lèvres mais il s'en foutait. Plus rien n'avait d'importance, il venait de laisser sa part de ténèbres prendre le dessus et c'était bon de se laisser aller des fois. Alors qu'il détachait son regard de la jeune femme pour observer le paysage autour de lui, il se rendit compte que tout paraissait étonnement plus clair, plus brillant. Le vent qui s'engouffrait encore dans son manteau à moitié ouvert et qui caressait sa peau nue semblait plus cinglant, la brume qui les entourait, plus épaisse, l'eau, plus lisse que tout l'heure. Il avait l'impression d'être un nouveau né découvrant les merveilles de la nature pour la première alors que cela faisait déjà plus d'un an qu'il parcourait ce parc de long en large et jamais il ne s'était arrêté sur la beauté de l'environnement. Pour la première fois, il ouvrait enfin les yeux et tout ce qu'il ressentait ou voyait l'enivrait bien plus que ce qu'il n'aurait jamais imaginé.

Tout à son observation, Danslav ne faisait même attention à la jeune femme qui s'amusait à plier sa main pour en faire un poing. En revanche, le cri qu'elle poussa face à la douleur lui remit les pieds sur terre et il reporta son attention sur elle, sans jamais réussir à se débarrasser de son sourire. Lorsqu'elle pencha la tête, une drôle de lueur dans le regard, le jeune homme l'imita tout en fronçant légèrement les sourcils sans trop comprendre ce qu'elle avait l'intention de faire par la suite. Elle lui avait déjà infligé le même supplice, sauf que lui n'avait pas hurlé mais n'avait jamais été loin, alors que pouvait-elle encore lui faire subir de plus horrible ? La seconde suivant il eut sa réponse quand la brunette se jeta sur lui. Il ne pût s'empêcher de rigoler face à cette attaque qui paraissait grotesque tant la différence de force entre les deux étaient importante. Et pourtant, sûrement à cause de sa trop grande confiance en luis, ou bien parce qu'il avait sous-estimé le fait qu'elle était vraiment en colère, rageuse comme jamais, elle réussit à le faire basculer en arrière. La chute parue interminable et pourtant bien vite il sentit son dos claquer contre la surface brillante du lac, aussi dure que du béton. De nouveau les ténèbres et le froid s'emparèrent de lui. Déjà qu'il avait le souffle coupé à cause de la française qui lui avait enfoncé son épaule ainsi que son coude dans le ventre, mais à présent c'était comme si ses poumons avaient tout simplement disparus. Il sentit encore une fois cet étau infernal qui lui comprimait le thorax, l'attirait au fond comme un boulet à sa cheville. Et pourtant alors qu'il pensait glisser lentement vers le fond, il creva la surface et aspira une bouffée d'air, ce qui lui sembla être une bien douce délivrance.

Avant même qu'il ne comprenne où il se trouvait, Noctëa posait ses mains sur ses épaules comme pour essayer de le noyer encore une fois. Mais cette fois il resta bien à la surface. Elle n'avait plus l'effet de surprise et il n'avait que trop l'habitude de nager dans les lacs glacés de Russie pour se laisser faire par une gamine aussi frêle qu'elle. Alors qu'elle lui assenait des « Connard. » à tout bout de champ, le jeune homme ne répondait pas, se contentant de sourire bêtement. Pour une fois que les rôles étaient inversés, il fallait dire que la situation était plutôt plaisante. Il ne portait plus de haine, ni de rage en lui, juste un brin de folie qu'il avait laissé explosé et c'était si bon de se laisser aller comme ça. Alors qu'elle se tenait si près de lui, il réalisa à quel point le désir qu'il ressentait pour elle était violent. Depuis le premier jour, il avait confondu cette hargne et cette haine pour elle pour de la pure attirance. Cette même attirance qu'il avait laissé s'échapper dans la bibliothèque et qu'il avait encore envie de laisser partir aujourd'hui. Comme si elle avait lu dans ses pensées, la jeune femme s'écarta de lui, toujours en lui balançant un regard mauvais et un « Espèce de monstre » qui le fit sourire encore une fois. Sans même prendre la peine de répondre à l'insulte, il commença à nager vers la rive, comme si l'eau glissant et s'insinuant sur la moindre parcelle de peau ne l'atteignait pas. Avant de remonter sur la terre ferme, il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, juste à temps pour voir la brunette trembler une dernière fois et s'enfoncer dans les profondeurs du lac. Il leva les yeux au ciel avant de se décider à aller la chercher. Oui, il continuait de la détester, de haïr son sang si souillé mais il n'était pas un meurtrier. Et puis, il avait réalisé lui-même que sa vie ne tournerait pas rond si elle n'était pas là pour le garder sur son orbite. Mais était-ce aussi simple que ça ?

Quelques secondes plus tard, ils étaient tout les deux sur le plancher des vaches mais il était certains maintenant que la belle avait tourné de l'œil, sûrement à cause du froid. Assis dans l'herbe, la jeune femme encore inconsciente dans ses bras, le jeune homme ne sût pas vraiment comment réagir. Il fallait qu'elle se réchauffe mais le polonais n'avait pas pris sa baguette et hors de question qu'il essaye d'utiliser celle de la belle. Il avait déjà du mal avec la sienne, alors celle de Noctëa... Non, il cala simplement le corps de la jeune femme contre le sien, son torse contre son dos et referma ses bras autour de sa taille. La meilleure des chaleurs restait toujours celle des humains et s'il avait envie de survivre jusqu'à ce qu'elle se réveille, il n'avait pas d'autres choix que de la prendre ainsi dans ses bras. Bien qu'il essayait de se convaincre de ses intentions, il savait qu'au fond de lui, il appréciait un peu trop le contact continu de leurs corps. Finalement épuisé par le manque de sommeil et tout ce qu'il venait de vivre depuis qu'il avait revu la jeune femme, il se laissa aller à la fatigue, posant sa tête sur l'épaule de la Redstone et fermant les yeux. Il se promis de rester réveillé, c'était juste le temps qu'elle reprenne ses esprits, se disait-il. Mais au final, il s'endormit simplement, toujours aussi dans l'herbe, ses bras formant un étau un peu trop serré pour que cela ne reste qu'un simple geste de survie.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMar 1 Mai - 17:58



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Sous-estimer le froid, c’était comme sous-estimer la bête mais ça, Noctëa ne le comprit que trop tard, bien trop tard. Il lui souriait, la fixait et elle lui rendait bien l’affront, dardant sur lui des regards sales, effrayés et haineux, jusqu’à ce qu’il bouge. Elle ne réalisa qu’alors la pression de l’eau sur son corps trop malingre, la morsure du gel s’ajoutant à celle de Danslav et lui brulant l’épiderme avec une intensité déroutant. Lui bougea, l’abandonnant sans qu’elle ne puisse remuer et ce simple geste suffit à la détruire un peu plus. Il fuyait, il arrêtait le jeu et au lieu de le traiter de lâche, elle réalisait à quel point elle pouvait avoir mal, à quel point elle pouvait avoir peur, également. Il était devenu l’équivalent d’un bourdonnement sourd, de ce genre de bruit insupportable et obsédant qui, une fois passés, laissaient un vide incommensurable, détestable, une impression de chaos, un gout de fin du monde. Elle se sentit dénuée de toute force, de tout feu alors qu’il quittait le lac, rejoignant la berge et faisant son petit bonhomme de chemin, sans elle. L’espace d’une seconde, elle ferma les yeux et dans la foulée, elle perdit connaissance, petite créature flottant à la surface avant de s’enfoncer doucement dans la noirceur du lac trop frais pour s’y baigner. Le froid, la fatigue, la faim, la colère, tout cela était difficile à gérer, trop pour son corps malade et son système se mit en état de choc, la laissant tremblante et sans vie, comme morte, trop paisible pour que cela ne soit pas alarmant.

Perdue entre deux mondes, elle n’entendit pas le bruit autour d’elle, pas plus qu’elle ne sentit les bras de Danslav se refermer autours de son corps. Elle n’était pas à même de réaliser qu’il l’avait sorti de là, qu’il l’avait sauvé de la noyade surement, inconsciente et amorphe, se laissant porter sans protester. Jamais il n’avait dû la voir si calme, si sereine, malgré ses lèvres bleues et sa peau rendue presque translucide par l’eau gelée. Il la ramena sur la terre ferme sans qu’elle ne puisse se débattre et malgré la chaleur de son corps, elle ne remua pas, pas d’un pouce. Noir total, noir glacial, et cette impression immonde de n’avoir dans les veines que des morceaux de verre.

Une minute ou une heure, une poignée de secondes ou bien plus, Noctëa ne fut pas capable de dire depuis combien de temps elle avait perdu connaissance mais lorsqu’elle ouvrit finalement les yeux, tombant nez à nez avec l’herbe givrée qui se trouvait devant elle, elle ne bougea pas, ne paniqua pas. Le silence était retombé sur Fidelitas et la chaleur dans son dos lui indiquait qu’elle n’était pas seule. Danslav. Tout lui revint d’un coup, brutalement, comme une chute sans fin trouvant pourtant une surface pour être stoppée, comme un ouragan se déclenchant sans prévenir. Elle baissa les yeux et la marque rouge à son pouce lui fit comprendre que tout cela n’avait pas été un rêve. Grelottante, elle mit quelques secondes à saisir que l’étau qui la tenait entière n’était rien d’autre que les bras du jeune homme. Elle hoqueta. Attendait-il pour l’étrangler, attendait-il pour la tuer, lui faire mal. Il ne bougeait pas non plus, pourtant. Prenant le risque, elle se tourna le plus doucement possible, réalisant qu’il dormait. Sa respiration était calme, posée, s’écrasant à présent sur le visage de la petite brune de façon régulière, rassurante. Il avait l’air si paisible lorsqu’il dormait. On aurait dit un enfant, un petit garçon bercé par son innocence et ses rêves de pays fait de sucre et de lait, de rayons de miel. Elle afficha un maigre sourire, glacée jusqu’à la moelle et le plus doucement possible, elle tendit une main pour caresser ses tempes, ses pommettes, ne voulant surtout pas le réveiller mais ne pouvant s’en empêcher.

De fil en aiguille et sans comprendre pourquoi, lui pardonnant au passage pour la morsure et les provocation, elle bougea pour saisir les pans de la veste qu’il portait et les tirer autour d’elle afin de se protéger un peu du froid. Le tissu était humide mais il coupait le vent, en plus d’offrir un accès direct à la peau du grand blond. Combien de temps était-elle restée ainsi ? Elle n’en avait pas la moindre idée mais à présent, les nuages étaient percés d’un soleil haut mais pâle, pas assez puissant pour faire dorer le parc, pour rendre tout cela agréable. Qu’importe. Se laissant glisser dans l’herbe, elle vint poser sa tête contre l’épaule de Danslav, son visage tourné vers son cou et après quelques hésitations, elle parvint à déposer ses lèvres contre sa peau, a accepter pleinement le contact qu’elle forçait un peu et à se perdre dans son odeur, dans le parfum qui flottait encore sur son épiderme et ses vêtements.

Ils se ressemblaient tant, c’était effrayant, atroce… et pourtant elle refusait de le laisser partir. Tendre, elle chercha à retenir un autre sourire avant de fermer les yeux, se laissant aller à un repos enfin trouvé, comme si être prêt de lui luttait contre les rêves impliquant sa présence. Jamais n’avait-elle dormi aussi sereinement à vrai dire, sans sursaut ou frayeur, sans monstre. La bête elle-même s’était tut, ne laissant que l’écho des battements désunis de leur cœurs, l’un contre l’autre, comme des gosses, comme des amants. Il n’y avait qu’eux, seuls au monde, perdus dans cette haine soudain en berne, comme une trêve, un accord tacite, le temps d’un soupir pour conjurer la folie, pour chasser les cauchemars…


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMar 1 Mai - 20:26

Cela faisait bien longtemps que le jeune homme n'avait pas si bien dormi. Il ne savait pas si cela venait du fait qu'il n'avait pas fermé l'œil depuis presque trois jours ou bien qu'il était affamé ou encore si c'était son craquage sur le ponton qui l'avait fait plonger dans un sommeil si profond et sans rêve mais cela faisait atrocement du bien. Il se souvenait parfaitement de la dernière fois où il avait réussi à dormir aussi calmement. C'était avant que sa mère ne se rende compte de l'erreur qu'elle avait fait en se mettant en couple avec son moldu de père et abandonnant sa vie de privilèges et de luxe. Ses parents étaient encore amoureux, ils s'adressaient la parole sans que les décibels ne crèvent le plafond et lui, dormait de sommeil du juste, sans jamais faire aucun cauchemar et sans jamais se réveiller en pleine nuit, pris de panique sans savoir d'où cela venait. Mais à partir du moment où l'horrible vérité éclata, que la vraie vie sauta aux yeux d'Irina, plus rien n'avait été aussi paisible et reposant. Les cris et les engueulades perçaient bien trop souvent le silence de la nuit et quand ce n'était pas les disputes qui le réveillait, c'était ses cauchemars qui l'empêchait de trouver la paix. Des cauchemars dans lesquels il finissait toujours par mourir mais il ne partait jamais sans une bonne scène de torture avant. Ayant perdu la notion du temps et de l'espace, il ne se rendit même pas compte qu'il sortait de sa torpeur lentement. Tout était trop calme autour de lui, il était bien, au chaud et quelque chose, ou plutôt quelqu'un était pelotonné contre lui. Mais cela ne le gênait pas, il était tellement calme et serein qu'il aurait pu croiser un de ses anciens bourreaux de Durmstrang qu'il n'aurait pas réagit.

Sans bouger d'un millimètre, le jeune homme sentait l'autre personne collée à lui respirer régulièrement et en déduisit qu'elle aussi devait dormir. Il ne savait pas pourquoi il se mettait à rêver de ce genre de chose mais lentement l'image de Noctëa s'imposa à lui et il sut que c'était elle qui se trouvait dans ses bras. Bizarrement le fait de la savoir si proche de lui ne le dérangeait absolument pas, pire que ça, il aimait ça. Heureusement que tout cela n'était pas réel, sinon il n'aurait pas hésité une seule seconde à la repousser en lui hurlant de ne pas poser ses sales mains sur lui. Pourtant, dans ce rêve, pour une fois calme et chaste, il tolérait sa présence et en appréciait même chaque seconde qui passait une par une. D'un geste las et lourd de fatigue, le jeune homme réussit tout de même à soulever son bras et le faire glisser jusqu'à la tête de la brunette et d'un mouvement rempli de douceur dont il ne se savait pas capable, il commença à caresser les cheveux plus noir que la nuit de la jeune femme. Ils étaient trempés et collaient à son visage de porcelaine, mais du bout de ses doigts, le polonais les remit derrière son oreille et quand enfin il fut satisfait de sa tâche, laissa retomber son bras sur la taille fragile de la Redstone, agrippant son chemisier pour l'attirer un peu plus contre lui, comme si il avait envie de se convaincre que si elle se laissait faire, alors tout cela ne pouvait être qu'un rêve. Un songe tordu de son esprit mal placé mais un rêve qu'il pouvait apprécier sans se soucier d'autre chose.

En réponse à son geste incongru et tendre, il sentit la jeune femme se tortiller et bouger la tête, comme cherchant à atteindre la peau de son cou. Il se laissa faire, relevant un peu le menton pour l'aider un peu et sentit ses lèvres parcourir sa clavicule, remonter le long de son cou jusqu'au contour de sa mâchoire. Elle déposait ses baisers bien trop tendres comme elle avait l'habitude de l'insulter, avec force et sans jamais hésiter un seul instant. Redescendant le long de sa gorge, il frissonna quand elle arriva sur le haut de son torse où elle le bougeait plus, se contentait d'y faire glisser son nez et d'y assener de temps à autre un baiser. Il pourrait sentir son souffle brûlant parcourir sa peau et il fut envahit de nouveau par une vague de frissons. « Arrête-ça. » Sa voix sonnait plus grave et sévère qu'il ne l'aurait voulu et ses sourcils se froncèrent un peu. Il ne voulait pas être si cassant, ni même méchant, c'était juste sortit tout seul, un peu trop gravement. Il bougea légèrement son bras, laissant glisser sa main le long de la colonne vertébrale de la jeune femme et ajouta d'un ton beaucoup plus calme, un sourire aux lèvres. « Ça chatouille. » puis d'un geste qui lui paraissait presque naturel, il déposa un baiser au sommet de son crâne, persuadé que tout cela n'était qu'un rêve.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMer 2 Mai - 13:23



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

C’était impossible.

C’était un rêve, juste un rêve, il n’était pas possible que cela soit réel. Elle était perdue entre l’onirisme décalé de son sommeil et la réalité décevante, incapable de bouger autrement que vers lui, pas fichue de savoir où se trouvait le soleil, où se trouvait le sol. Elle était appuyée contre lui, il la tenait et la seule chaleur dont elle avait besoin à l’heure actuelle, il la lui prodiguait. Elle n’était pas totalement consciente et dans cet état groggy, comme droguée, elle bougeait sans réaliser les conséquences. Sans réaliser que c’était pour de vrai. Après tout, il ne l’aidait pas. Si cela avait été vraiment en train de se produire, il l’aurait repoussé, pas attiré. Il l’aurait frappé plutôt que de l’enlacer… Et pourtant, elle sentait ses souffles chaud et doux sur elle, comme elle sentait sa main dans ses cheveux puis son bras autours de sa taille. Lovée dans les replis de sa veste, contre sa peau, elle se réchauffait avec sa présence et déposait des baisers pour que lui n’ai pas froid.

Dans cette douceur qu’ils ne se connaissaient pas, elle trouva une paix incroyable, un répit, le silence parfait que seuls les battements de son cœur venaient sporadiquement déranger. Elle se mit à sourire, appuyant son nez un peu frais contre la peau lisse du garçon, s’abreuvant à son odeur, perdu dans ses songes, ses pensées. « Arrête-ça » lança-t-il cependant, manquant de la faire sursauter. Elle ne bougea pas, choquée par ce ton qui n’avait rien à faire dans l’échange. C’était froid, cassant, c’était ce dont elle avait l’habitude avec lui mais sur le champ, dans l’instant, elle ne pouvait pas, elle ne pouvait simplement pas le supporter, tout comme l’idée de devoir reculer et s’éloigner la faisait trembler de froid, de peur. Il ne la chassa pas, pourtant, pas le moins du monde. Au contraire, il glissa sa main dans son dos, tranquille et avenant, rajoutant d’une voix beaucoup plus douce un « Ca chatouille » qui devait servir d’explication. Alors qu’il venait déposer ses lèvres au sommet de son crâne, elle se demanda pourquoi, dans son rêve, elle l’avait fait réagir de la sorte. Car pour elle, c’était là une pure invention de son inconscient, toute cette scène ne pouvait pas être et quand bien même les choses semblaient diablement réelles, elle n’était pas assez folle pour penser ça possible, pas même avec ses troubles mentaux. Peut-être était-ce par soucis d’authenticité… ou bien peut-être que tout cela était réel. Elle bougea le plus doucement possible sa main meurtrie, serrant ses doigts pour qu’ils forment un poing serré et que sa peau se tende. A défaut de pouvoir se pincer, elle cherchait à se faire mal le plus efficacement possible.

Quelques secondes plus tard, elle se retrouva à grimacer et retint de justesse un glapissement de douleur. Elle rouvrit les yeux et hoqueta pour de bon, cette fois. Elle était réveillée, elle était consciente et Danslav était toujours là, un petit sourire aux lèvres, semblant se reposer comme un bienheureux. La vision fit à son tour sourire Noctëa. Toute la haine entre eux s’était tut, c’était réel et c’était doux, chaud, calme, rassurant. Une pause, une parenthèse dans la guerre, une aube nouvelle dénuée de sang ou de violence. N’arrivant même plus à savoir si elle préférait le repousser et le frapper ou si elle avait trop attendu ce genre d’attention pour avoir la force d’y mettre un terme, elle resta immobile un long moment, n’osant même plus respirer. Pourquoi ? Pourquoi soudain venait-il la lover dans ses bras ? Pourquoi avait-il rendu le baiser ? Pourquoi l’avait-il probablement sorti de l’eau ? Elle ne le comprenait pas, tout comme elle ne comprenait pas pourquoi elle le détestait tant. S’approchant finalement un peu, elle leva les mains pour encadrer son visage, assénant des caresses à peine perceptible comme si, du bout des doigts, elle cherchait à apprendre les secrets qu’il cachait sous sa peau, les horreurs qui couraient dans son sang pour le rendre si hargneux, si violent. Elle avait la prophétie, elle, elle avait la bête… qu’avait-il, lui ? A chaque fois qu’elle pensait à sa vie avant Fidelitas, elle l’imaginait comme un enfant prodige dans une grande demeure, sans même savoir pourquoi. C’était peut-être sa façon de se tenir toujours très droit, ou bien son arrogance. Elle glissa sur sa peau et se retrouva à lui peindre une vie, des attitudes, à songer à son passage à Durmstrang. Elle ne savait rien de lui mais elle le voyait à la tête d’un petit groupe, caïd un peu brutal s’amusant à martyriser les sangs-de-bourbe… elle n’était rien d’autre qu’une énième victime, une victime qui cependant lui donnait du fil à retordre. Elle n’avait cependant croisé personne d’autre se plaignant de Danslav, de sa violence, comme si en réalité, tout cela lui était réservé.

Passant ses doigts le long de son cou, elle le regarda longuement. Combien de temps avaient-ils avant que la rage ne revienne ? Combien de précieuse minutes avant qu’ils ne se brisent à nouveau mutuellement contre des rochers acérés ? Elle secoua tout doucement la tête et vint déposer un baiser au coin de ses lèvres. Elle aimait le haïr autant qu’elle détestait l’aimer, l’un était indissociable de l’autre, surement parce qu’elle n’avait jamais appris d’autres mondes que ceux de la douleur, peut-être parce qu’elle ne connaissait que ça, les tourments d’une âme amochée par la vie.

Blottie dans la chaleur du jeune homme, elle ferma à nouveau les yeux, sentant des larmes monter dans sa gorge. Il était la moitié de son mal, son agonie et pourtant, il était le repère dans la tornade qui ravageait ses veines depuis des années. Le haïr était facile, céder à la tentation encore plus, parce que dans le carnage qu’elle se créait, dans le chaos qu’étaient les méandres de son esprit, lui faisait office de pilier, solide, fort… capable de la réchauffer alors qu’elle se perdait dans le froid, capable de la sauver alors qu’elle se noyait, quand bien même il refusait de l’avouer, quand bien même il fallait qu’ils frôlent l’inconscience pour arriver à baisser les armes. Elle l’avait dans la peau, quoi qu’elle en dise… Il l’obsédait et la torturait, et allongée dans l’herbe givrée, contre lui, contre son torse nu et chaud, elle aurait donné n’importe quoi pour que ce moment ne cesse pas. Tendant les mains, elle passa ses phalanges contre sa peau et l’enlaça pour le garder plus près d’elle.

Un tout autre sens à l’adage ‘garde tes amis près de toi mais tes ennemis encore plus près’.


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMer 2 Mai - 20:53

Il y avait un diction bien connu qui disait « Il n'y a pas de chiens méchants, juste des maîtres cons. ». Bien qu'il ne ressemble en rien à un chien, cette phrase pouvait tout à fait s'appliquer à Danslav. Élevé dans les engueulades quotidiennes entre ses parents, entre haine et dépendance, devenu bien vite la tête de turque de l'école entière, il avait pris l'habitude de rentrer chez lui avec des bleus et des coupures au visage et sur le corps. Encore aujourd'hui il possédait quelques réminiscences de cette époque mais les plus effrayantes n'étaient pas physiques. Il avait sut sourire à une période, il avait même sut aimer, rigoler, s'amuser. Mais après des années et des années à le pousser à bout, à le tabasser et à lui offrir comme modèle parental que deux êtres qui se déchirent, il avait finit par succomber et n'était au final qu'une marionnette façonnée par leurs sentiments les plus répugnants. Il s'était forgé cette carapace, cette image de brute qui n'avait besoin de rien ni personne pour avancer dans la vie et ne jamais dépendre de personne, car il savait que trop bien ce qu'il l'attendait s'il se mettait à compter sur quelqu'un. Cet individu ferait sûrement comme le reste, il fuirait, le laissant brisé et encore plus amoché qu'avant. Depuis plus de quinze ans maintenant il avait refoulé tout ce qui ne lui était plus utile pour faire son chemin comme l'amour, l'amitié, l'attachement en général, la douceur et la tendresse. Il pensait qu'avec le temps ce genre de choses finissait par s'oublier, que c'était comme jouer d'un instrument de musique à force de ne plus en jouer, on oubliait comment faire.

Et pourtant.

Allongé dans l'herbe gelée, perdu entre rêve et réalité, il faisait preuve d'une extrême délicatesse et d'une tendresse qu'il ne se connaissait pas. Comme si la jeune femme dans ses bras était la poupée la plus fragile qu'il n'ai jamais tenue entre ses mains. Pourtant, quand il n'était pas perdu dans les limbes soporifiques, il n'avait jamais eu la moindre pensée envers cette fragilité qu'elle dégageait. Il avait toujours pensé combien il lui serait facile de lui briser le bras, comme une allumette tant elle était fine mais jamais il n'aurait imaginé la protéger comme il faisait aujourd'hui. C'était pour cela qu'il la détestait tant. Au-delà de son sang souillé et impur, représentante malgré elle de ceux qu'il détestait pour avoir ruiné sa vie, c'était cette vague de désir, d'envie mélangée à un soupçon d'attachement qu'elle faisait naître en lui à chacun de sourire fou ou chacune de ses insultes. Il ne voulait pas tomber dans le piège vicieux des sentiments et puis franchement, comment pouvait-elle décemment vouloir de lui ? Cela se voyait dans son regard enflammé, dans les coups qu'elle rendait. Il la répugnait et c'était mieux qu'elle le déteste plutôt qu'elle aperçoive dans son regard le petit garçon qui rêvait simplement d'être accepté. Cependant, elle avait eu ce geste il y a à peine trois jours. Ce baiser improbable et trop agréable, sauvage certes mais encore présent sur les lèvres du jeune homme.

Comme une réponse logique aux pensées du polonais, après tout n'était-il pas encore plongé dans son inconscient ?, les lèvres de Noctëa se posèrent timidement sur le coin de sa bouche, laissa là une trace brûlante et glacée, mouillée mais agréable. Peut-être trop court ce qui eu le don de frustrer le jeune homme. Pas pour longtemps. Alors qu'elle l'agrippait, laissant ses phalanges parcourir son torse nu, il posa ses mains autour de son visage et la força, sans jamais être violent ce qui était plutôt compliqué pour lui qui ne savait que faire dans la violence mais il tentait de se contenir, serrant peut-être un peu trop son étreinte autour de sa mâchoire. Il lui relevait lentement le menton alors que son visage se baissait pour retrouver ses lèvres qui l'obsédaient depuis trop longtemps. Il y déposa un baiser passionné et tendre qui le surpris tant il paraissait réel. Il pouvait enfin goûter à sa bouche, mélange gelé entre le sucre et le métal qui n'était pas pour lui déplaire. D'un simple mouvement de hanche, il roula sur le côté, se retrouvant au-dessus d'elle sans jamais quitter ses lèvres, prolongeant ce baiser jusqu'à ce que ces poumons le prient de faire venir de l'oxygène. Il était devenu plus hardi, mais sans jamais être pressant ou écrasant. Appuyé sur ses avant-bras, il glissait de temps en temps une main dans les cheveux si emmêlés de la belle, comme s'il avait fait cela toute sa vie.

Il ne savait pas pourquoi son cœur s'affolait quand il posait ses yeux sur elle, comment elle réussissait à faire remonter tant de choses qu'il pensait détruites avec le temps. Peut-être était-ce parce qu'elle était folle. Pas spécialement dans l'insulte, mais bel et bien dans la nature même. Elle était folle, il l'avait vu plusieurs fois briller au fond de sa rétine, cette flamme qui ne signifiait rien de bon, qui voulait dire qu'elle se laissait entraîner dans les ténèbres. Lui aussi avait sentit le feu lui brûler les intestins quand il avait sentit le sang de la belle couler dans sa gorge et cela lui avait fait peur autant qu'il l'avait fasciné. Ou alors, elle déclenchait chez lui cette réaction chimique simplement parce qu'au fond, elle était comme lui. Brisés par leurs entourages et élevés dans la haine.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyJeu 3 Mai - 9:37



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Qui avait-il de mal à ça ?

Toute la rage qu’ils se vouaient semblait transformée, changée en quelque chose de beaucoup plus doux, comme un lent poison se propageant dans leurs veines, une addiction naissante. Elle ne savait pas si elle était consciente ou non, pas plus qu’elle ne savait si lui était en train de rêver ou s’il agissait sciemment… Au fond, elle ne s’en préoccupait pas, trop attachée au gout de ses lèvres, aux tendres caresses qu’elles prodiguaient contre les siennes, à ce moment irréel, perdu dans le temps et l’espace. Il n’y avait ni logique ni vérité, juste eux, paumé dans le parc. Elle leva les bras, passant ses mains sur sa nuque à nouveau et allant mêler ses doigts à ses cheveux blonds, sans violence. Elle qui ne connaissait que la brutalité des étreintes alcoolisées, elle se retrouvait à trembler comme une enfant sous les attentions de son pire ennemi, de ce garçon qu’elle détestait par simple mimétique parce que lui ne pouvait pas supporter son statut de sang…

Noctëa n’avait rien contre lui, en réalité. Chaque défaut qu’elle lui trouvait s’avérait être une qualité supplémentaire dans son regard troublé, une nouvelle nuance dans cette fascination malsaine, dans cette envie de le regarder, de s’approcher, qui la hantait depuis plus d’un an. Peut-être était-ce pour cela, en fait, qu’elle ne s’était pas poussée lorsque lui avait voulu passer. Peut-être était-ce pour cela qu’elle était restée en plein milieu, immobile, trop secouée pour oser remuer, perdue dans son regard haineux et colérique, dans cette puissance incommensurable qu’il dégageait. Danslav était une brute et pourtant, à cet instant, il était doux comme un agneau, comme un gamin s’accrochant tant bien que mal à la seule manifestation d’humanité qu’il lui ai été donné de vivre depuis des années. Elle sentait son cœur se tordre et dans les tourments de sa folie, elle réalisa qu’il était surement aussi abîmé qu’elle pour vivre de la sorte, pour s’abreuver à son sang et en sourire, pour la provoquer encore et encore. Elle refusait de se montrer présomptueuse mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il se sentait lui aussi vivant lorsqu’ils s’écrasaient l’un contre l’autre dans des combats dont la violence n’avait d’égale que la grandeur de l’université qui devenait le théâtre de leur monstruosité. Elle bougea un peu, cherchant sa chaleur et lui rendant son baiser en y mettant toute cette frêle douceur, toute cette fragile précarité qui faisait d’elle une enfant prête à être brisée.

Ils n’étaient que des gosses, alors. Des gamins perdus, des âmes torturés et ils cherchaient ce confort oublié, cette protection qu’on leur avait arraché. Elle avait détruit son innocence en manquant de tuer sa nourrice, elle s’était projetée dans un monde de ténèbres. Cela avait été la réalisation de la prophétie, le début du cauchemar, du chaos, le début de ce carnage dont elle était à la fois l’instigatrice et la victime. Elle frissonna en songeant à ses démons et se cambra un peu pour se rapprocher de lui, passant ses doigts sur ses tempes pour le retenir encore un peu. L’espace d’une seconde, elle s’imagina cette force qu’il dégageait, cette force brute, utilisée à bon escient. Il aurait pu la protéger comme il l’avait blessé, elle aurait pu le bercer au lieu de le détruire à petit feu… Elle se sentit soudain idiote et parfaitement réveiller et alors qu’elle continuait son petit manège, elle réalisa tout l’égoïsme dans ses réactions. Si elle venait constamment s’écraser contre lui pour le pousser à bout, c’était purement pour le blesser de ne pas être bon pour elle, c’était pour se venger. Il n’avait pas idée du mal qu’il lui faisait, probablement, à la haïr alors qu’elle ne voulait que ses bras. Elle trembla plus fort cette fois. C’était une haine qu’on lui avait appris, c’était par dépit, par frustration. C’était injuste et lui ne méritait pas ça… Elle continuait pourtant et elle continuerait probablement si lui empruntait à nouveau ce chemin. Elle était dépendante, en réalité. Complètement, totalement, dépendante, capable de se rendre détestable simplement pour continuer les jeux et ne pas le voir s’éloigner, lassé…

Elle sentit sa gorge se serrer. Les réalisations étaient brutales, douloureuses. Elle le repoussa un tout petit peu, assez pour venir se cacher dans ses bras, contradiction parfaite. Il pensait surement être perdu dans un songe sans conséquence et la haïrait à nouveau en réalisant que ce n’était pas le cas, qu’ils avaient passés, une, deux, dix minutes à s’embrasser comme si l’équilibre du monde en dépendait, qu’il s’était montré plus tendre que tout ce qu’elle avait pu connaître jusqu’à présent, qu’il avait pris soin d’elle… Elle cherchait refuge contre un jeune homme capable et probablement désireux de lui rompre la nuque à main nue.

Elle détourna la tête, restant contre lui mais regardant le parc sur lequel le jour se levait un peu plus à chaque minute s’égrainant inéluctablement… Ses doigts à nouveau perdu contre les cheveux du Redstone, elle soupira doucement, sentant une envie de pleurer et de s’arracher le cœur monter dans sa gorge. Difficilement, elle articula la pire phrase du monde, probablement. « Ce n’est pas un rêve, Danslav… » Murmura-t-elle en se giflant mentalement. Elle venait de se briser le cœur toute seule, pauvre idiote, à imaginer la fin de la guerre, la fin de la haine, des tortures, à imaginer qu’ils valaient mieux que ça. Elle savait, pourtant, qu’ils auraient finit par s’ennuyer sur cette route et que la rage, la colère, toute cette rancœur valait surement mieux. Et pourtant, pourtant c’était douloureux, sans commune mesure. « Ce n’est pas un rêve, c’est la réalité… » Répéta-t-elle, secouée et des larmes montant à ses yeux. Prendrait-il tout cela, cette attitude soudaine, pour un dégout profond ? Elle aurait aimé prononcé cette phrase différemment, dans une illusion de bonheur durable, pas un simulacre aussi fugace que le petit matin, aussi éphémère que la brume…

Trop tard. Elle ravala les sentiments incongrus qu’il faisait naître, se concentrant sur la façon si particulière qu’il avait de la détester et sur cette application avec laquelle elle rendait les coups. Rien d’autre ne pouvait et ne devait compter, parce qu’ils n’en étaient surement pas capable de toute façon. Les monstres n’avaient pas le droit à des fins heureuses et le chaos ne connaissait pas le bonheur.


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyJeu 3 Mai - 21:08

S'il n'était pas capable d'affronter ses sentiments quand il était réveillé, au moins il pouvait les laisser prendre le dessus dans ses rêves. Mais ce rêve semblait tellement différent des autres, il semblait plus réel. La sensation de froid qui émanait de son manteau mouillé et collait à son dos, et au contraire la chaleur qui se dégageait du corps prisonnier sous le sien de la jeune femme, jusqu'au goût de ces lèvres ou de la douceur de sa peau. Tout ce qu'il pouvait ressentir était trop vif pour n'être qu'un rêve mais la situation était trop surréaliste pour que ce soit la réalité. Il la sentait se cabrer pour être plus près de lui, rendre son baiser avec tendresse, passer sa main dans ses cheveux. Cela ne pouvait clairement pas être réel car dans la vraie vie, ils se haïssaient. Il la provoquait pour ne pas justement l'embrasser comme il l'aurait voulu et elle, elle le mordait et faisait couler son sang comme une victoire. Une dernière fois il passa ses mains sur ses hanches, ces mêmes hanches sur lesquelles il avait laissé des marques bleutées de leur coup de folie dans la bibliothèque. Il aurait voulu s'excuser de sa violence, du fait qu'il avait dû lui faire mal mais les mots restèrent coincé dans sa gorge et elle le devança en le repoussant un peu, brisant enfin ce silence bien trop parfait. « Ce n’est pas un rêve, Danslav… » Léger froncement de sourcils, il pencha la tête sur le côté. Pourquoi disait-elle ça ? Si ce n'était pas un rêve, pourquoi ne réagissait-elle ? Pourquoi sa voix était-elle brisée par ces larmes prêtes à couler ? Pourquoi lui faisait-elle subir ça ? « Ce n’est pas un rêve, c’est la réalité… »

Tout se mélangeait en lui. Les incompréhensions rencontraient ses peurs, ses émotions bien trop puissantes et bien trop nombreuses pour qu'il puisse ne serait-ce qu'en saisir la moitié. Il ne comprenait pas pourquoi elle était restée si cela était réel. Était-elle depuis le début au courant que tout cela n'était pas imaginé de toute part ? Si c'était le cas, pourquoi ne l'avait-elle pas repoussé ? Pourquoi lui avait-elle rendu son baiser et avait été aussi... tendre et gentille avec lui ? Trop de questions, trop peu de réponses. Elle était censée le détester, haïr ce qu'il représenter, elle devait être dégoûtée de sa simple silhouette alors pourquoi ? Une petite voix dans sa tête lui souffla la réponse mais il ne voulait pas l'entendre. Ça faisait trop mal. Son cœur se tordit une fois puis la petite voix se fit plus présente dans sa tête et la phrase tourna un moment avant de le frapper en pleine poitrine. Elle a fait ça parce qu'elle a pitié. Elle a fait ça parce qu'au-delà du dégoût qu'elle te porte, elle te trouve encore plus pathétique qu'elle ne te déteste. Elle a voulu te faire une faveur, pauvre petite créature frustrée, elle a voulu t'offrir ces quelques minutes parce qu'elle avait pitié de toi et elle était tellement écœuré de ce qu'elle faisait qu'elle s'est mise à en pleurer. Roulant sur le côté, le blondinet prit sa tête entre ses mains et commença à exercer une pression phénoménale sur sa boîte crânienne comme pour la faire exploser mais n'y parvint pas. Tout ce qu'il réussit à faire c'est à faire monter un mal de tête incroyable. À présent en position fœtale, il offrait une vision brisée de lui-même, les yeux fermés avec force comme pour chasser une image horrible de son esprit.

Puis il réalisa qu'elle devait sûrement être en train de l'observer, un sourire satisfait sur le coin de ses lèvres, fière du bordel qu'elle avait foutu dans sa petite caboche de polonais trop fier. L'idée même que tout cela pouvait être une simple invention de son cerveau malade ne lui effleura même pas l'esprit. Il était habité par cette conviction profonde que personne ne pouvait l'aimer et il s'en foutait au final, mais lui faire espérer, se jouer ainsi de lui, c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas supporter. Relâchant un peu la pression de ses mains autour de sa tête, il resta un moment encore les yeux fermés, la respiration hachée et le cœur battant trop vite. Finalement il ouvrit les yeux, ses bras cachant la plus partie de son visage, et se rendit compte qu'il devait s'être passé plusieurs heures déjà depuis leurs plongeons dans le lac gelé. Il frissonna, maintenant qu'il n'était plus collé à la belle, le froid le rattrapait mais c'était sans compter la colère qui l'habitait de nouveau. S'en était finit du gentil petit Danslav en sucre, il allait revenir à la bonne vieille version que tout le monde connaissait et plus jamais il ne se laisserait aller dans ce genre de futilité. « Maintenant que tu t'es bien amusée, casse-toi. » lui balança-t-il maussade. Elle ne bougea pas ce qui eu le don de l'énerver encore plus. De nouveau elle ne l'écoutait pas, c'était comme si rien n'avait changé au final. Lançant un regard par le trou que formait son bras replié, il lui fit comprendre qu'il ne la voulait vraiment plus à côté de lui. « La baignade t'as rendue sourde ou quoi ? Dégage. » finit-il par lui cracher acide.

I love your lack of self respect
While you're passed out on the deck
I love my hands around your neck.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyVen 4 Mai - 19:49



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Et comme un château de carte s’écroule, la chaleur se dissipa instantanément alors que Danslav reculait, se dégageant d’elle, de l’abomination qu’elle représentait, laissant derrière lui une trainée d’amertume et de rancœur, un gout de regret… Pourquoi avait-elle parlé ? Parce qu’elle lui devait la vérité ? Non, surement pas, elle ne lui devait rien, rien d’autre que quelques battements de cœur trop rapides, rien d’autre que des sourires tordus et des rêves dérangeants. Elle avait regretté ses mots à la seconde où il s’était éloigné et l’avait toisé, d’abord surprit puis déçu. Comme s’il s’était attendu à ce qu’elle soit une autre, une fille plus jolie, plus douce, avec des formes rondes respirant la santé et attisant l’envie, avec un sourire rassurant, avec un sang-pur… pas une tarée malingre, pas une petite créature sans défense et pourtant teigneuse, pas un cauchemar ambulant qu’il ne savait apprécier qu’en songe…

Allongé dans l’herbe, l’ayant abandonné sans qu’elle ne puisse bouger, sans qu’elle n’ai le droit de le retenir, Danslav plaqua ses mains sur ses tempes et serra, si fort qu’elle en sentit elle-même la pression, ou du moins elle aurait pu le jurer. Une envie subite de tendre les mains pour l’empêcher et venir le blottir contre elle s’empara de la petite brune tant à ce moment précis, il semblait fragile et vulnérable, petit garçon ayant besoin qu’on le berce dans la douceur, dans cette chaleur incongrue qu’elle semblait lui réserver. Il l’empêcha de bouger cependant car, replié sur lui-même, il souffla bien vite, lassé : « Maintenant que tu t'es bien amusée, casse-toi. » Elle ne comprit pas le ton, pas plus qu’elle ne fut à même de saisir l’accusation et lui sembla le percevoir car bien vite, il se fit plus clair. Mauvais. Vicieux. « La baignade t'as rendue sourde ou quoi ? Dégage. »

Elle entendit distinctement un craquement dans le vent de l’automne et son corps tout entier trembla alors qu’elle réalisait qu’il s’agissait là de son palpitant. Si cela n’avait été pour le fait qu’elle était déjà au sol, elle se serait probablement écroulée à cet instant précis, ravagée par ce ton qu’il employait, détruite non pas par le froid de cette foutue matinée mais par la glace évidente qu’il avait dans l’âme. Les larmes qu’elle se refusait à pleurer se firent plus vicieuses et elle eut du mal à ne pas éclater en sanglot sur le champ. A nouveau elle n’avait pour lui que du mépris et de la haine et dans ses sentiments atroces, il y avait à présent une nuance de justice. Il l’avait cherché, il méritait qu’elle ai envie de hurler, de le frapper.

Elle se leva, difficilement, titubante, perdue. Des milliards de jurons lui venait en tête mais aucun ne passait ses lèvres. Elle savait très bien ce qu’il se passerait si elle s’amusait à parler. Elle craquerait, verserait toute sa rage sur lui, oublierait le gout des baisers… Malgré le mal qu’il lui faisait, cette belle enflure qu’était Danslav, elle n’arrivait pas à se résoudre à ça. Lui faire mal, oui, détruire les souvenirs maigres et tâchés, non. Cela ne valait rien, c’était pire qu’une aventure provoquée par l’alcool, pire qu’une connerie faite sous stupéfiant… ce n’était rien, rien du tout parce qu’il n’avait pas été conscient de ce qu’il faisait. Il se foutait totalement des conséquences parce que lui, à cet instant, ne ressentait que du dédain pour elle, parce qu’elle était sale et détestable et qu’elle ne méritait pas son attention, parce qu’il jugeait surement avoir fait quelque chose d’immonde en s’abandonnant ainsi, pour de vrai, dans un moment de tendresse partagé avec elle. Elle secoua la tête, glacée, furibonde, faisant un pas vers lui et se penchant en avant. Elle avait l’air misérable mais en dépit de ses mains tremblantes, elle attrapa ses bras pour les déplier et avec une force étonnante pour sa petite taille, elle lui colla une gifle retentissante, hargneuse, mettant dans le geste tout l’orgueil de sa terre et la fierté de son nom. Immédiatement, elle fit quelques pas en arrière et plaqua sa main meurtrie, celle qu’il venait de recevoir en plein visage, devant sa bouche. Les insultes voulaient venir, les accusations, les plaintes. Il n’avait pas le droit, pas le droit de lui voler son cœur comme ça pour ensuite la repousser sans honte. Autant lui couler les pieds dans le béton et la jeter dans le lac.

Sans un mot, elle fit finalement volte-face, s’armant de volonté et elle s’élança dans la plaine, le plus loin possible de Fidelitas. Il pouvait bien la suivre, l’attraper par les cheveux, la traiter de peste et écraser son crane contre une pierre, elle s’en fichait bien à présent, tout ce qu’elle voulait c’était que la douleur s’arrête, que les hurlements de la bête cesse. Dans le silence glauque de cette aurore perturbée, elle lâcha finalement un sanglot et des dizaines de larmes, diamants amers, se mirent à couler de ses yeux, entrainant le noir de son maquillage, roulant, ravageant ses joues pâles, s’écrasant au sol ou sur elle. Elle planta légèrement ses ongles juste au-dessus de sa bouche, se demandant combien de force cela demanderait que de s’arracher les lèvres. Elle enfonça finalement les ongles de sa main libre dans ses côtes alors qu’elle avançait, déterminée à s’éloigner autant que possible de lui, à aller trouver refuge ailleurs. Connard, pensa-t-elle, enflure, salaud… Elle le détestait comme elle pouvait y tenir et lui en jouait.

L’impression d’avoir laissé son cœur derrière la fit ralentir. Erreur. Elle trébucha presque immédiatement et tomba, s’abimant les genoux malgré son jean et se retrouvant dans la boue, la place qu’il jugeait surement sienne, au final, elle la sang-de-bourbe sans valeur pour lui, le sang-pur.


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptySam 5 Mai - 21:38

Alors qu'il y a à peine quelques minutes encore, tout ce qu'il voulait c'était l'embrasser et ne jamais quitter ses bras, à présent il ne désirait qu'une chose, qu'elle s'en aille. Pathétique Il voulait être seul, ne plus avoir à penser à ça, se vider la tête et rester dans l'herbe gelée encore quelques heures, peut-être même qu'il pleurerait. Cela faisait des années qu'il n'avait pas versé une larme, même de colère ou de rage, même quand elle lui avait mordu la main et qu'il avait cru qu'elle allait la lui arracher, il n'avait pas pleuré. Dégoûtant Alors peut-être qu'il se laisserait aller. Cela faisait du bien de temps en temps de se vider un peu. Ses émotions continuaient de tourner en lui et cette voix, sinueuse, pire que le serpent tentant Adam et Eve avec la pomme, piquante et blessante, il l'entendait encore se moquer de lui. Elle a joué avec toi. Sale sang-de-bourbe. Il n'était pas en mesure de s'énerver contre elle. Du moins pas encore, il était encore trop sous le choc de ce qu'elle avait osé faire. Dire qu'il l'avait sous-estimée était un euphémisme. À présent il savait de quoi elle était capable. À défaut de pouvoir lui faire mal physiquement, elle avait réussi à faire bien pire, le briser intérieurement. Il s'était laissé avoir, berné comme un amateur, il s'en voulait autant qu'il la détestait en même temps. Elle était au bord des larmes tant que tu es répugnant. Il ferma les yeux, comme pour chasser une image trop violente alors qu'il savait que cela serait inutile. Le monstre était à l'intérieur de lui et il avait beau fermer les yeux et s'écraser la tête, rien de tout cela ne pourrait le faire partir.

Alors qu'il la pensait déjà loin, il sentit son bras se détacher de sa tête et une main s'abattre sur sa joue. Il resta un moment sans réagir et quand il comprit ce qu'il venait de passer, une rage nouvelle s'empara de lui. Comment osait-elle le frapper alors que c'était elle qui venait de s'amuser à le torturer ? Pourquoi n'était-elle pas contente de l'avoir touché là où il était le plus vulnérable et savoir que maintenant, il y avait une faille là où elle avait planté le couteau ? Allongé sur le dos, les bras en croix, il lui fallu une nouvelle bourrasque de vent pour le réveiller et d'un bond, il se releva. Ses mains se transformèrent en poings et peu importe si l'on disait partout que frapper les filles ou les plus faibles que soit était mal, il allait prendre un malin plaisir à déroger à cette règle. Son regard parcouru rapidement le parc et comme il était encore tôt, malgré le soleil qui commençait à bien briller dans le ciel, il ne lui fallu pas longtemps pour la retrouver, à genoux un peu plus loin. Les muscles tendus et la mâchoire serrée, le jeune homme se dirigea d'un pas rapide et décidé dans la direction de la jeune femme. Elle allait passé un sale quart d'heure. Blessé dans son orgueil et marqué physiquement par la main frêle de la brunette sur sa joue, il n'allait pas retenir ses coups, quitte à lui briser quelques côtes au passage. Peut-être que c'était ce qu'elle voulait après tout, ressentir quelque chose, n'importe quoi, pour se sentir un peu plus vivante. Et bien si c'était là son souhait, le polonais allait l'exaucer avec joie.

En quelques secondes à peine, il l'avait rattrapée et refermait déjà ses mains sur le col de sa chemise pour la relever sans ménagement. Aussi légère qu'une poupée de chiffon, il la tenait du bout des bras sans aucun problèmes et il ne put s'empêcher de sourire en coin quand il pensait à leur différence de force. Ce serait facile, il n'aurait même pas besoin d'y mettre toute sa force tant elle serait facile à briser. Toujours habité par cette rage, il plaqua la jeune femme contre l'arbre tout proches d'eux et chercha son regard alors qu'elle baissait inlassablement les yeux. Il la secoua légèrement pour qu'elle accroche enfin ses yeux, il voulait qu'elle le regarda quand il abaisserait sa main pour lui faire subir le même sort qu'elle lui avait fait. Les mains crispées sur son col, il s'aperçut alors qu'elle pleurait. Incompréhension. Il relâcha un peu la pression qu'il maintenait sur elle contre l'arbre et déglutit difficilement tout en effaçant son sourire. Pourquoi fallait-il, après tout ce qui venait de se dérouler, qu'il soit aussi sensible à ça ? C'était un monstre, une bête qui n'avait pas eu le moindre scrupules à se moquer de lui alors pourquoi hésitait-il ? Se reprenant, il la plaqua de nouveau contre l'arbre, comme il l'avait dans la bibliothèque mais en laissant plus d'espace cette fois. Et oui, il lui arrivait quand même d'apprendre de ses erreurs. « Si je te dégoûtais tant que ça pourquoi... » Sa gorge se noua quand il s'apprêtait à finir sa phrase. Se giflant mentalement, il secoua la tête et reprit d'une voix peut-être légèrement adoucie mais toujours aussi froide. « ...pourquoi avoir fait ça ? » Il n'arrivait même pas à se résoudre à dire les mots, à décrire ce qu'il venait de se passer. Même s'il connaissait déjà la réponse, ou du moins il pensait la connaître, il voulait l'entendre de sa bouche. Il voulait lui arracher les aveux si elle s'obstinait dans cette voie. Prêt à tout pour qu'on lui réponde.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyDim 6 Mai - 23:28



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Violence, toujours, encore, plus fort. Parce qu’ils ne se connaissaient que ça, hormis quelques brefs instants d’oublies relativement nouveau, hormis les rêves volés et honteux, parce qu’ils ne savaient que se blesser, s’insulter… Parce qu’ils étaient aussi brisés l’un que l’autre et que dans ce combat à la con ils retrouvaient toute la haine galvanisante dans laquelle ils avaient évolués. Lui dans ce foyer brisé dont elle ignorait tout, elle dans sa folie, dans sa monstruosité…

Elle aurait voulu pleurer en paix, elle aurait voulu arracher ses larmes, enfoncer ses yeux, se tordre les doigts. Elle aurait aimé atteindre la forêt et ne pas s’écrouler, elle aurait aimé qu’il parte, qu’il la laisse tranquille ou bien qu’il la plaque dans ses bras pour la consoler maladroitement, pour faire cesser ses sanglots avec la même facilité qu’il les provoquait. Elle aurait aimé qu’il ne la voit pas ainsi, brisée et tremblante, les genoux en sang. Elle ressemblait à une enfant tombée de sa balançoire et à vrai dire, il ne manquait probablement que la morve au nez pour compléter le tableau. Pathétique. Elle renifla alors qu’il la soulevait, brutal et bientôt, elle se retrouva acculée violemment contre un arbre. Il lui faisait mal mais ça, ça ne valait plus rien, pas quand elle était aussi cassée de l’intérieur, pas quand son âme entière était un hématome, une suite d’écorchures et de fractures toutes plus sévères les unes que les autres.

Un ange passa et elle croisa son regard. Entre ses larmes d’acier, elle voyait la colère qu’il portait sur la beauté de ses traits, sur la finesse de son visage. Il sembla prêt à la relâcher et pendant une seconde, elle crut qu’il allait encore une fois céder et choisir la route la plus difficile pour eux, celle qui ne consistait pas en une haine pure et viscérale. Elle avait tout faux cependant car il la plaqua plus fort encore contre l’écorse, prouvant dans la manœuvre qu’elle n’était rien d’autre qu’une poupée sous ses assauts, qu’elle ne valait pas grand-chose, n’avait pas de force et qu’il pouvait la manipuler, abuser de violence, de menaces, qu’elle était, toujours, à sa merci. D’une voix mauvaise, il demanda subitement « Si je te dégoûtais tant que ça pourquoi... » silence, on pense, chiens de faïence. Elle le dévisagea sans mot dire et lui termina sa phrase, sans grande précision au final « ...pourquoi avoir fait ça ? »
Elle ne comprit pas pourquoi il parlait de dégout. Tout ce qu’elle ressentait, elle, c’était de la déception. Et de la colère. Il avait joué, il l’avait laissé faire, il s’était abandonné en montrant un côté trop beau pour être vrai et voilà qu’elle pleurait à cause de lui, son cœur en bandoulière et ses genoux en sang. Elle n’était pas dégouttée non. Lui avait le droit de l’être, d’avoir laissé sa bouche courir ainsi contre celle d’une saleté de sang-de-bourbe, contre cette horreur qu’elle était. Peut-être pensait-il qu’elle l’avait contaminé, taché, qu’elle risquait de lui transmettre sa folie, ses dégénérescences diverses et variées… De la honte, elle n’en ressentait pas, des remords non plus. Elle avait juste mal, mal à l’âme à cause de lui. Elle souffla, se débattant un peu et compris qu’il ne la lâcherait pas. A nouveau elle croisa son regard. Merlin qu’il était facile de transformer tout ça en rage. Subitement, elle réalisa qu’elle avait surement du feu dans les iris et elle tendit sa main meurtrie pour la fermer autours de la gorge du garçon, comme lui la tenait par le col. Il ne fallut guère longtemps pour qu’elle cherche à le pousser à bout. « Cogne, vas-y » siffla-t-elle, perfide, entre ses dents. « Vas y, frappe moi, tue-moi si ça t’aide mais tu sais très bien que ça ne partira pas, que ça ne passera pas, tu sais très bien que ça ne changera rien… » Elle ferma les yeux, se redressant contre l’arbre, luttant pour respirer « De la même façon que ça passe pas quand moi je te fais mal, tu t’en débarrasseras pas… » Elle avait encore des larmes sur les joues et ses mains tremblaient mais ce n’était pas grave, tant qu’elle se croyait capable de le détester, juste le détester, de l’abhorer, de le vouloir mort au lieu de le vouloir à elle, juste à elle…

L’idée ne la quittait pas pourtant, alors qu’elle sentait encore ses lèvres contre les siennes, que l’acidité dans ces mots qu’elle lui balançait n’arrivait pas à chasser le gout des baisers brûlants, chauds, rassurants qu’ils avaient échangé, cet abandon, leurs armes enfin déposées pour une trêve, une paix silencieuse, ses bras… Ce qu’elle voulait ses bras, ça la tuait doucement, tout comme cette envie de découvrir à nouveau sa peau la démangeait, la rongeait de l’intérieur, se mêlant aux élans agressifs de la bête qui trottait gaiement dans sa tête. Ah, quelle était contente, la monstruosité, qu’elle se complaisait dans les sautes d’humeur de Danslav…

Serrant les doigts dans ce qui au final ressembla d’avantage à une caresse qu’une menace, elle reprit sa litanie « Ca ne passera pas, parce que c’est en nous, c’est comme ça, c’est tout… » Elle n’avait pas la moindre idée de ce dont elle parlait, à vrai dire. Ou bien peut-être qu’inconsciemment, si… Elle continua, gagnant du temps. « Mais vas y, tue-moi, prétends que ça n’est jamais arrivé, que tu n’en crèves pas d’envie, que… » Elle détourna la tête, laissant retomber son bras. Voilà qu’elle parlait comme lui, qu’elle le forçait à parler pour chercher à se rassurer. Etait-ce seulement ce qu’il avait voulu faire ? Non, sans doute avait-il cherché à l’humilier, à lui faire cracher des aveux pour les tourner en ridicule. C’était impossible autrement.

Sa hargne était retombée et elle manqua de s’effondrer alors que ses jambes semblaient perdre toute force. « T’es un cauchemar, Danslav. T’es un cauchemar, mon cauchemar et moi je suis dans les tiens, le tien, tu peux pas le nier, pas après tout ça… » Elle força pour se redresser mais échoua. C’était comme si toute sa force avait décidé de se muer en folie, ne lui laissant à présent qu’une solution, raconter n’importe quoi, s’accrocher à la moindre bribe d’attention pour ne pas se retrouver avec les morceaux ridicules de son cœur et de son égo. Parce qu’au fond, s’il en venait à nier, cela voulait dire qu’elle perdait toute importance, toute valeur, cela voulait dire que sa raison de vivre disparaissait puisqu’elle perdait sa raison d’haïr.

Il ne pouvait pas lui retirer ce pathétique espoir, du moins elle l’espérait, priant pour qu’il ne sache s’amputer d’elle et l'abandonner sans regret, sans douleur.


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMar 8 Mai - 17:45

Elle n'était pas grand chose sous ses mains, tout juste une poupée désarticulée, un bout de papier que l'on chiffonne puis que l'on déplie pour de nouveau le froisser, tout juste une ombre de ce qu'elle avait été. Il la détestait pour son répondant et sa fierté qui lui crachait des insultes au visage mais sans ça elle n'était plus rien. Pauvre pantin au bout de ces bras, il voulait la secouer pour obtenir des réponses mais aussi pour la réveiller un peu. Ce n'était pas contre ce fantôme qu'il était en colère, c'était contre une sale sang-de-bourbe téméraire et impulsive qu'il portait toute cette rage. Pas cette pâle copie qui se trouvait devant lui, pendue à ses poings serrés. Pendant un moment il cru la retrouver quand elle croisa son regard et qu'au fond de ces pupilles brillait un feu nouveau. Il laissa même la main portant sa toute nouvelle cicatrice s'approcher de son visage sans faire un mouvement de recul. « Cogne, vas-y » Elle le provoquait et ce n'était pas vraiment un mouvement intelligent de sa part. Il n'allait pas avoir besoin de plus pour déclencher cette étincelle qui enflammerait son bras pour qu'il parte atterrir sur son visage de porcelaine. « Vas y, frappe moi, tue-moi si ça t’aide mais tu sais très bien que ça ne partira pas, que ça ne passera pas, tu sais très bien que ça ne changera rien… » Si elle ne s'adressait pas à Danslav, ces paroles auraient été complètement dénues de sens mais contre toute attente le blondinet en saisit pleinement le contenu et cela le terrifia. Au fond, il avait toujours sût que cette haine et ce désir implacable qui bouillonnait au fond de lui ne partirait jamais. Que quoi qu'il puisse faire, il était condamné à la détester tout en la voulant cruellement.

Elle se mit à gesticuler, grimaçant de la situation inconfortable dans laquelle elle se trouvait et aspira difficilement. Toute ses manifestations de désagrément ne faisait que renforcer Danslav dans son idée de lui faire mal, lentement et mesquinement. « Ça ne passera pas, parce que c’est en nous, c’est comme ça, c’est tout… » Il serra les mâchoires tentant par tout les moyens de se convaincre qu'elle ne faisait qu'inventé tout ces mensonges, qu'elle ne savait pas de quoi elle parlait. Après tout, elle n'était pas saine d'esprit, il lui était impossible de savoir ce genre de chose. « Mais vas y, tue-moi, prétends que ça n’est jamais arrivé, que tu n’en crèves pas d’envie, que… » Ou alors au contraire sa folie lui montrait le monde différemment. Peut-être qu'au final elle savait clairement des choses que lui ignorait, plongé dans sa normalité déconcertante. Au bout de quelques secondes, il sentit la main de la brunette glisser loin de son cou et fixa un moment la trace qu'il avait lui-même laissé sur sa peau de porcelaine. Il en sourit discrètement. « T’es un cauchemar, Danslav. T’es un cauchemar, mon cauchemar et moi je suis dans les tiens, le tien, tu peux pas le nier, pas après tout ça… »

Non il ne le niait pas, ne pouvait pas même avec toute la volonté du monde. Il voulait juste des réponses, savoir pourquoi alors qu'il était censé la détester plus que tout, cette fragilité qui émanait de la jeune femme lui donnait envie de tout simplement la prendre dans ses bras et de lui demander pardon. « Arrête de me donner des ordres. » Malgré la situation, il gardait ses priorités en tête. Elle n'avait pas à lui dire ce qu'il devait ou ne devait pas faire. Sans même s'en rendre compte, l'une de ses mains avait lâché le col de Noctëa et se trouvait à présent au niveau de son visage, un poing venait de s'y former. Il lui serait tellement facile de la frapper jusqu'à lui briser les os du visage et la laisser se vider de son sang dans l'herbe. Mais voilà, justement, c'était trop facile et le polonais ne voulait pas qu'elle se laisse faire. Il voulait qu'elle se batte, qu'elle lui hurle dessus, qu'elle le griffe, qu'elle l'insulte comme seule elle savait le faire. Peut-être était-il fou de vouloir ce genre d'attentions de sa part, mais ils ne savaient que vivre comment ça. Finalement il laissa partir son bras qui atterrit sur l'arbre, à quelques centimètres seulement du visage de la Redstone. Une violente douleur se propagea le long de son bras mais rien de plus puissant que ce qu'il pouvait ressentir toujours et encore. Il brisa de nouveau la distance qu'il s'était pourtant imposé et vint souffler à quelques centimètres du visage de la belle. « Comme si j'allais te faire le plaisir de te tuer. Ça serait trop facile. » Il avait une folle envie de l'embrasser, de connaître le goût de ces larmes et il s'avança comme pour toucher ses lèvres une nouvelle fois mais il réussi à se contenir à la dernière seconde. « T'es coincée avec moi, ici, Blanche. » souffla-t-il alors que leurs lèvres s'effleuraient dans une provocation bien contrôlée.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMar 8 Mai - 21:50



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« you bring my heart to its knees »

Perdue dans les méandres de ses élucubrations qui, au fond, n’aurait surement de sens que pour eux, elle réalisa qu’elle ne savait pas quoi attendre de lui à cet instant précis. Elle aurait pu parier sur une gifle, sur de la brutalité, mais il se contenterait peut-être de lui rire au nez, il la ridiculiserait peut-être sans gêne, ou bien il la planterait là sans un mot, sans un regard, sans une attention, parce qu’au fond, elle avait tort et elle ne méritait même pas qu’il la martyrise. Après quelques secondes d’éternité où seuls ses souffles irréguliers et heurtés venaient hanter l’espace immense entre eux, après des millions d’échardes glacées transperçant son corps de toute part, elle vit qu’il daignait enfin répondre. Stoïque, il souffla simplement « Arrête de me donner des ordres. » et elle eut aussitôt envie de les gifler, lui et son foutu égo. C’était bien lui, ça, de jouer les fiers, de ne pas courber l’échine dans un moment pareil. Quand elle n’avait plus rien, plus d’orgueil à brandir valeureusement en guise de bouclier pour se défendre, lui finissait d’affirmer sa virilité, sa force. Elle était à sa merci et de cette simple préoccupation hiérarchique, il lui prouvait à quel point elle pouvait avoir tort.

Comment aurait-il pu s’intéresser à elle, après tout ? Elle n’était qu’une victime, qu’une pauvre petite chose à peine divertissante. Les quelques sursauts de tendresse, c’étaient là autant de faiblesse qu’il refusait d’avoir, de ressentir, c’étaient des tares qu’il voulait éradiquer, aussi surement qu’il la tenait captive contre cet arbre, prêt à la blesser, prêt à lui briser encore plus le cœur, simplement parce que c’était drôle… ou bien, il ne s’en doutait même pas, de l’impact profond qu’il pouvait avoir. Peut-être s’était-elle emballée, peut-être Danslav n’était qu’une brute sans réflexion qui ne saisissait pas le pouvoir des blessures de l’âme, qui avait besoin de sang et d’os brisés pour savoir qu’il avait chamboulé quelqu’un. Elle secoua imperceptiblement la tête. C’était peut-être la folie qui la poussait à penser ainsi mais elle était presque sûre, presque certaine, qu’il y avait en lui bien plus qu’un simple monstre. Que sous ses grands airs, il cachait des cicatrices bien plus profondes que sa peau, que derrière ses yeux clairs, elle trouverait des traumatismes à en faire pâlir les siens… Pensait-elle trop ? Surement, oui. Lisait-elle entre les lignes ? Sans aucun doute, mais c’était là son sort, quand bien même lui voulait imposer son image de caïd sans humanité. « Comme si j'allais te faire le plaisir de te tuer. Ça serait trop facile. » souffla-t-il, s’approchant d’elle. Elle sentit son cœur s’emballer, comme si la nervosité qu’elle cherchait à éradiquer face à lui revenait au galop. Ce qu’elle pouvait détester ce pouvoir qu’il avait sur elle. C’était injuste, tellement injuste. Elle n’avait rien demandé, elle aurait voulu la paix, elle aurait voulu qu’on la laisse dans ses tourments… Mais non, il y avait Danslav, son cauchemars, son enfer personnel. Elle déglutit alors qu’il se retrouvait près, trop près pour que ça soit sans danger. L’espace d’une seconde, elle s’imagina un Leonidovik en train de céder à la tentation, en train d’arrêter de nier… Un jeune homme penchant légèrement la tête pour venir écraser ses lèvres contre les siennes… Elle sentait pourtant qu’il luttait de toute sa force afin que cela n’arrive pas, surement parce que c’était là une horreur sans nom que de s’acoquiner avec la foutue sang-de-bourbe. Dans la foulée, aspirant ses soupirs, il ajouta : « T'es coincée avec moi, ici, Blanche. » et elle trembla.

Ce n’était pas de la peur, non. C’était de l’agacement. Elle détestait ce prénom, tellement. Idiot était celui qui avait eu l’idée de la nommer ainsi, pensant peut-être la sauver de sa malédiction en lui donnant un peu de pureté où c’était possible. Connerie. Et elle ne le laisserait pas faire. Pas quand il cherchait à la provoquer comme ça. Ravalant ses angoisses, elle écouta ce que lui dictait le monstre dans sa tête et vite, bien trop vite, elle bougea. Il avait été particulièrement con de la part du grand blond que de ne pas immobiliser ses mains. Il aurait suffi d’un simple sort, rien de plus… il avait déjà gouté à la force de ses dents, il portait probablement encore les traces fraiches de ses ongles contre son bas-ventre et pourtant, pourtant il la laissait libre de ses mouvements. A nouveau, la théorie de la bêtise profonde refit surface dans la tête de la jeune femme. C’était soit ça, soit il voulait qu’elle réagisse. Soit, il serait servi.

L’instant d’après, elle avait tendu sa main valide entre eux et sans ciller, sans rougir, elle avait fermé ses doigts autours de sa virilité, à travers l’étoffe encore fraiche et trempée du jean. « Tu as raison, je suis coincée, mais toi aussi.. » souffla-t-elle, vicieuse, sachant presque ce qu’elle faisait et s’efforçant de doser ses gestes, de ne pas rougir. Le geste n’était en rien anodin mais aux grands maux les grands remèdes, c’était là l’adage. Déglutissant, elle sera ses mains vénéneuse, guettant la moindre réaction, la moindre peur dans son regard, ne soupçonnant pas pouvoir déclencher du désir ou de l’envie mais espérant de la rage, de la terreur, de la douleur. « Toi aussi et tu as tellement plus à perdre que moi, là… » Ajouta-t-elle, mauvaise, menaçante.

Un sourire remonta ses lèvres, n’accordant pas d’importance à la rapidité avec laquelle l’idée de glisser sa main contre lui, ainsi, était arrivée dans sa tête…


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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMar 8 Mai - 23:17

Il avait voulu la faire réagir parce qu'il ne supportait pas de la voir si fragile et si frêle. Il savait qu'en utilisant son prénom de naissance, quelque chose se déclencherait en elle et il n'aurait plus ce désagréable sentiment qu'il se battait avec un fantôme. Il voulait la retrouver, la saleté de sang-de-bourbe qui n'avait pas peur de lui répondre, celle qui l'avait mordu comme une forcenée et lui avait laissé à jamais une marque sur la main. D'un geste rapide, tellement rapide qu'il ne s'en rendit pas compte immédiatement, elle déposa sa main sur son entre-jambe et d'un mouvement assuré commença lentement à resserrer son emprise sur cette dernière. Surpris par cette initiative de la part de la jeune femme, il resta un moment sans oser bouger de peur qu'elle ne s'agrippe à lui et que dans un moment de folie, elle retire sa main, arrachant par la même occasion ce qui faisait de lui un homme. S'il y avait quelque chose au monde qui comptait plus que son orgueil, c'était bien ça. « Tu as raison, je suis coincée, mais toi aussi.. » Tandis qu'elle maintenait la pression sur son bas-ventre, lui la relâchait doucement, cette peur constante qu'elle puisse lui écraser, littéralement, sa virilité collée au corps. Rien ne pouvait se lire sur son visage, du moins par encore, seul sa mâchoire restait crispée mais la colère et la haine qu'il semblait ressentir tout à l'heure était parties. Du moins enterrées pour l'instant. « Toi aussi et tu as tellement plus à perdre que moi, là… » Le ton ne faisait aucune équivoque sur la menace latente qui planait et pour la première fois, le jeune homme baissa les yeux devant elle, les posant sur cette main dangereuse.

D'un seul coup, il relâcha toute la pression qu'il exerçait depuis tout à l'heure sur la jeune femme et lui montra la paume de ses mains, comme un homme se rendant devant un autre beaucoup plus armé que lui. C'était un coup bas, mais il fallait qu'il lui reconnaisse du cran pour oser ce genre d'attaque. Malgré l'angoisse permanente qui s'emparait de lui à chaque fois que la jeune femme bougeait le moindre muscle, il avait aussi ce plaisir malsain qui s'insinuait en lui, grandissant à chaque seconde qui passait, presque demandeur d'autre geste aussi déplacé que celui-ci. Son cœur cognait fort dans sa poitrine et il se dégoûtait de ressentir ce genre de chose dans une telle situation. Il était censée la détester, la haïr pour avoir poser ses mains filiformes sur la partie la plus intime de son corps et pourtant au lieu de ça, il en demandait encore, toujours plus. Il prit une longue inspiration comme pour calmer ce trop plein d'émotions qui lui arrivait toujours quand elle le surprenait et posa ses mains à plat sur l'arbre, encadrant sa tête comme pour se prouver qu'il avait encore un peu d'emprise sur elle dans ce jeu de pouvoir. Il pensa aussi à relever la tête et planta de nouveau son regard acier dans celui de la jeune femme. Il ne savait plus quelles émotions pouvaient se voir ou non sur son visage tant il était envahi par des vagues contraires. Mais en grande partie il y avait ce désir incontrôlable et dérangeant qui devait transparaître et il hésita pendant un moment à baisser les yeux de nouveau.

Non. Sûrement pas. Elle avait déjà le dessus sur lui, pas la peine de lui offrir une autre raison pour le dominer. « Et qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? » finit-il par articuler, la bouche pâteuse, les mâchoires crispées et d'une voix rauque, beaucoup plus rauque qu'habituellement. Il s'approcha de nouveau d'elle, réduisant encore et toujours la distance entre eux. Ce n'était pas le moment de partir en arrière, c'était certain et si c'était du contact intime qu'elle voulait, elle l'aurait, Danslav était prêt à faire à peu près n'importe quoi pour sauver sa virilité, véritablement conscient du danger que représentait la brunette. « M'astiquer à mort ? » lâcha-t-il sans même s'en rendre compte. Bon pour ce qui était de la subtilité, on pouvait repasser. Et puis ce n'était pas vraiment une chose que l'on était censé dire à quelqu'un qui tient votre intimité dans la main mais il n'avait pas réussi à s'en empêcher. Peut-être était-ce le stress de ne plus jamais pouvoir être un homme qui lui faisait dire n'importe quoi. Ou alors il souhaitait vraiment qu'elle glisse sa main au-delà de son pantalon, qu'elle caresse sa peau comme elle l'avait fait dans la bibliothèque avait de lui enfoncer les ongles sous la peau. Arquant un sourcil, il pencha un peu la tête sur le côté, attendant la moindre réaction de la part de la brunette, près à déchiffrer le moindre signe avant-coureur qu'elle allait mettre sa menace à exécution.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyMer 9 Mai - 13:51



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Comme pour indiquer qu’il se rendait, il leva les mains après l’avoir lâché, lui présentant ses paumes vides, montrant bien qu’il ne la tenait plus, qu’il ne cherchait plus à l’étrangler, à la tenir contre l’arbre avec brutalité. A croire que son petit manège avait marché. S’en prendre à la virilité de Danslav avait été suffisant pour lui faire peur, cependant elle n’était pas folle, elle payerait cet affront, elle le savait très bien. Sur le champ, il resta calme cependant et au grand dam de la petite brune, elle ne vit pas les étincelles de peur dans son regard, dans ses iris clairs, elle ne sentit pas qu’il tremblait sous ses doigts. Peut-être pensait-il qu’elle n’oserait jamais le blesser comme ça, le tuer de cette façon, peut-être baissait-il les armes simplement pour lui faire croire qu’elle était supérieure… Elle retint un rictus agacé et l’instant d’après, il s’était approché à nouveau, posant ses mains de part et d’autre et sa tête, à plat sur l’écorce, comme pour capter son attention, pour former des œillères, faire en sorte qu’elle ne regarde que lui.

Plus que les insultes, ce silence méfiant la tuait, cette tension entre eux la rongeait. Elle pouvait gérer qu’il s’en prenne à elle, ce n’était pas le problème, cependant lorsqu’il arrêtait de se chamailler, elle ne savait plus quoi faire. Surement réagissait-il de la même façon, la provoquant donc pour obtenir des réactions, parce que cela valait mieux que ce dédain silencieux qu’il lui servait, cela valait mieux que de l’observer, perdue entre une envie de lui faire mal et un désir de pousser le vice pour transformer à nouveau cette haine en une toute autre forme d’intensité. C’eut été simple, après tout. Quelques mouvements, rien de plus, elle se doutait que malgré la rage qu’il entretenait à son égard, il restait un homme et ne résisterait pas longtemps, d’un point de vue purement physique. Elle avait beau avoir une expérience très limitée, n’avoir que des souvenirs vaseux et alcoolisés d’étreintes sans valeur aucune, elle savait ce qu’il se passerait si elle profitait de sa supériorité momentanée pour glisser sa main contre la peau de Danslav, défiant le tissu du jean pour s’insinuer plus près de lui. Avait-elle le cran ? C’était une toute autre question. Il la tira de ses plans pervers cependant en murmurant, trop bas pour qu’elle ne sente pas la légère panique cette fois : « Et qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? »[/b] parce qu’il n’avait plus que ça, provoquer, parce qu’elle faisait en sorte de le pousser à bout et que ça marchait, aussi cherchait-il à détourner l’attention ou à la déstabiliser… il n’était pas loin de réussir lorsqu’il ajouta [i]« M'astiquer à mort ? » car Noctëa piqua un fard et le détesta pour ça. Elle détourna le regard, pendant une seconde, sachant que c’était là une erreur. Lui montrer qu’il avait raison en affirmant à moitié qu’elle n’irait pas jusqu’au bout, c’était particulièrement stupide.

Elle se reprit cependant et profitant du silence, elle bougea pour se rapprocher un peu plus. Elle ne savait pas quoi penser de l’électricité entre eux, elle n’avait jamais su. C’était du poison qui coulait dans leurs veines lorsqu’ils se retrouvaient face à face, elle pouvait sentir le changement. Pourquoi, autrement, aurait-elle avancé sa tête jusqu’à pouvoir passer sa langue contre la mâchoire du grand blond ? C’était un geste tout sauf anodin et dont la connotation n’était en rien innocente, c’était malsain et elle le savait, mais elle remonta jusqu’au lobe de son oreille. Il était venu si près, il l’avait ramassé après l’avoir jeté alors qu’elle voulait juste la paix, il payerait, simplement, peu importe la vulgarité. Prenant sur elle pour ne pas ciller, pour ne pas trembler, pour ne pas admettre qu’au fond, elle adorait ça, elle vint tout contre sa tempe pour murmurer son prénom, mielleuse tant elle était douce. C’était calculé et malgré le feu ravageant ses joues, malgré les tremblements dans sa voix, elle ne recula pas. Une fois, deux fois elle susurra son prénom, maintenant toujours la pression sur son entre-jambe. Et puis sournoisement, elle bougea sa main libre pour défaire le bouton du jean, réalisant un peu tard qu’elle souriait, amusée, ravie par la scène à vrai dire.

Petit à petit, elle bougea, remontant, passant sous son nombril, sur sa peau tendue, ne lâchant pas sa prise mais continuant son manège, lente, volage, perverse. Il cherchait, il trouverait, elle avait en elle assez d’inconscience et de folie pour relever ce genre de défi idiot, pour le pousser à bout quitte à se corrompre, quitte à se perdre un peu. L’espace d’une seconde, elle s’imagina en train de jubiler alors que lui se retrouverait prit de court, à partir en vrille sous ses doigts, sous ses caresses, n’ayant plus d’autre choix que de la gifler pour partir ensuite, penaud et honteux. Menaçant de glisser ses doigts entre sa peau et le tissu de son caleçon, elle murmura une dernière fois son prénom, ajoutant encore plus bas : « Tu sais aussi bien que moi que tu ne tiendrais même pas une minute… » Et dans le sous-entendu, elle se retrouvait à frapper à grands coups sur son égo, le traitant implicitement de petit garçon, de débutant, remettant en cause toute cette belle fierté qu’il brandissait comme une arme de précision. Et comme pour se prouver qu’elle avait raison, elle continua ses gestes déplacés, finissant par bouger sa main, celle qui empêchait Danslav d’imposer sa volonté. Si elle n’avait pas le droit de donner des ordres, elle avait d’autres moyens de le faire plier, il le comprendrait rapidement, surtout à présent qu’elle faisait glisser l’étoffe sombre sous ses doigts.

A nouveau, elle laissa sa langue courir contre la ligne de sa mâchoire. Il n’y avait plus aucune tendresse dans son geste, il avait brisé ça quelques minutes plus tôt, en la repoussant, en lui disant de dégager. Elle ne voulait plus montrer ses faiblesses et cherchait à exposer les siennes à la place, manipulatrice, vicieuse, basse.



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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyJeu 10 Mai - 0:07

À l'instant même où il prononçait sa réplique, la jeune femme piqua un fard et il ne pût s'empêcher de ricaner face à son innocence. Il ne savait pas si la jeune femme avait déjà connu la chaleur d'une étreinte avec qui que ce soit et n'arrivait pas à s'imaginer un élève -ou une élève peut-être- assez fou pour poser les mains sur elle. Après il pouvait se tromper mais elle semblait si fragile et si gênée à cet instant qu'il se demanda vraiment si elle était encore pure. Mais bien vite elle fit voler en éclat ses petites pensées bien ranger en se collant toujours plus contre lui, laissant son cœur piquer un sprint. La tête près de son épaule, presque dans ses cheveux, il pouvait presque goûter la peau tendre de son cou, sentir ce parfum enivrant qui lui faisait tourner la tête. Mais pas maintenant, pas quand il sentait la langue de la Redstone suivre le contour de sa mâchoire jusqu'à son oreille et qu'elle s'amusait à murmurer son prénom sur un ton tout sauf innocent. Il ne pût s'empêcher de sourire puisqu'elle ne le regardait pas, trop occupée à souffler encore et encore son prénom. Cette scène il l'avait rêvé plusieurs fois. Pas comme ça, pas dans ce contexte mais il se souvenait encore des cauchemars -ou plutôt des rêves- qu'il avait fait et dans lesquels, la brunette finissait par souffler son prénom dans un soupir d'aise. Il fallait pourtant qu'il se ressaisisse, il n'avait pas le droit de se laisser aller, il fallait qu'il soit en colère contre elle, qu'il la déteste pour faire naître tant de désir incongru en lui, qu'il la haïsse pour lui faire aimer ce genre de contact malsain.

Effaçant son sourire bien trop ravi, il ferma les yeux un moment. Mauvaise idée. Maintenant qu'il n'était plus obsédé à fixer son épaule dénudée et sa peau pâle, il pouvait se concentrer sur chaque déplacement, même minime, des mains de la belle qui ne se privait plus pour le torturer. Douce torture. Il sentit le bouton de son pantalon sauter et la main de la brunette glisser au même endroit où quelques jours plus tôt elle avait planté sans ménagement ses ongles, prête à lui arracher la peau du ventre. Il cessa de respirer pendant un moment jusqu'à ce qu'il entende de nouveau son prénom susurrer avec bien trop de douceur et cette phrase. « Tu sais aussi bien que moi que tu ne tiendrais même pas une minute… » Cette simple phrase qui brisait tout, qui avait pour but de le faire réagir, de lui balancer un grand coup de poing en plein dans l'égo. Et elle ne manqua pas sa cible. Recommençant son petit manège, elle redessina le contour de sa joue avec sa langue mais ne pût arriver au bout car le jeune homme venait de tourner la tête au dernier moment. Sourcils froncés, il serrait les dents pour ne pas lui mettre directement un coup de boule. Il était certain que même avec un coup direct elle serait capable de lui arracher sa virilité tant elle semblait déterminée. Mais il fallait se douter que Danslav n'allait pas en rester là. Plongeant son regard dans le sien, il approcha son visage du sien et glissa sa tête le long de la sienne. Leurs lèvres se frôlèrent, ils furent joue contre joue pendant un moment, dans un geste bien trop tendre et il s'arrêta juste à la hauteur de son oreille pour à son tour lui murmurer. « Parce qu’en plus du reste, tu es présomptueuse. »

C'était là, exactement les mêmes mots qu'elle avait prononcé dans la bibliothèque quand il lui avait dit qu'elle avait déjà pensé à lui de façon tout sauf innocente. C'était aussi avant qu'elle ne lui plante ses ongles dans la peau et il fallait se douter qu'en choisissait ces mots, la suite n'allait pas être une partie de plaisir. Mais il la bloquait toujours de son corps entier pour l'empêcher de s'enfuir, gazelle entre les pattes d'un lion, alors que c'était lui qui devait se méfier d'elle pour l'instant. Bien qu'il ne puisse plus la toucher sans qu'elle ne menace de le castrer, il sentit ses mains se transformer en poing, grattant l'écorce de l'arbre sur lequel ils étaient appuyés, à s'en faire saigner les ongles. D'un geste délicat, qui contrastait complètement avec son attitude crispée et belliqueuse, il fit glisser sa bouche le long de son cou, ne déposant aucun baisers mais laissant une trace brûlante par son souffle. Il finit sa course sur ces lèvres qu'il frôla encore sans jamais lui donner la satisfaction de l'embrasser et resta un moment comme ça, sans bouger, les yeux clos aspirant chacune de ces expirations comme s'il tentait d'avaler son âme par la même occasion. « J'en ai connu des plus excitantes que toi. » finit-il par lâcher dans le silence qui régnait entre eux. C'était une phrase piquante mais lancée sur un ton tellement mielleux, comme elle qui avait chuchoté son nom à son oreille. Il voulait lui faire mal, taper un bon coup dans sa fierté comme elle avait amoché la sienne. Puis il laissa tomber son front contre le sien, doucement, et la força à reculer un peu pour que sa tête ailler cogner contre l'appui derrière elle, prouvant bien que même si elle laissait planer cet avertissement sur son entre-jambe, il aurait toujours le dessus sur elle.
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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptySam 12 Mai - 23:29



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

L’espace d’une seconde, elle se demanda si cette fierté orgueilleuse qu’elle avait toujours pensé comme étant l’un des composants majeurs de la personnalité du jeune homme n’était au final, qu’un mythe. Etait-il possible que l’attaque lancée à l’instant n’ai pas d’effet, coup d’épée dans l’eau ? Après tout, peut-être était-il moins susceptible que ses camarades, que les autres garçons, tellement gonflé de vantardise et ne supportant pas qu’on mette en doute leur virilité. C’était de leur âge, soit disant, que de se vexer facilement lorsqu’on mettait en doute leur capacité et Noctëa avait été presque certaine de récolter une gifle ou un rire dédaigneux et mauvais, d’avoir osé le critiquer comme ça… Cela ne vint pas, à l’évidence. Il s’approcha, au contraire, venant appuyer sa joue tiède contre la sienne, brulante. L’instant d’après, il avait soufflé à son oreille, très doux : « Parce qu’en plus du reste, tu es présomptueuse. » et sans même le savoir, il lui arracha un sourire.

C’était une des manies de Danslav, retourner les arguments de la brune contre elle, prendre ses propres questions pour la mettre mal à l’aise, chercher à la déstabiliser en employant exactement les mêmes armes qu’elle. La plupart du temps, elle s’y attendait, une question qui en entrainait une autre de sa part, une remarque qu’il retournait d’un revers de main… et parfois il arrivait à la surprendre, étonnement, comme en lui ressortant des propos vieux de trois jours. Certes, la scène était surement gravée dans sa mémoire, le jour maudit où la sang-de-bourbe s’était jetée sur lui pour l’embrasser, mais voilà, quelque part, cela voulait dire qu’il accordait suffisamment d’importance à ses propos pour arriver à les lui ressortir au bon moment. Saleté. C’était presque déloyal, bien qu’à cet instant, elle en souriait, amusée. Oui, surement était-elle présomptueuse, mais à vrai dire, elle se focalisait plus sur l’aspect physique, purement physique. Il craquerait parce qu’elle se montrerait tentante et odieuse à la fois, pas parce qu’elle avait le moindre talent, le moindre pouvoir sur les hommes, juste parce qu’il était un peu esclave de ce genre de pulsion et que les gestes de la jeune femme étaient animés par une envie d’humilier… des gestes qui au final, ne viendrait pas.

Elle ne pouvait plus, immobile, perdue, le souffle court, incapable de réfléchir, d’enchaîne le moindre mouvement. A nouveau, il s’était approché et s’était ses souffles chauds qu’elle encaissait alors qu’il passait au-dessus de sa peau, dans son cou, contre son épaule, là où ses cheveux humides et glacés tombaient en masse, là où l’odeur musquée de son épiderme était probablement la plus forte. Elle le détestait d’arriver à la forcer au silence si facilement, si vite, si intensément, sans même la toucher, sans l’embrasser… Merlin, ce qu’elle voulait qu’il détruise cette distance et dévore son cou, laisse des marques. Il dû le sentir car il prit un malin plaisir à ne pas s’approcher, venant juste lui souffler, très doux, très calme : « J'en ai connu des plus excitantes que toi. »

Enflure. Noctëa n’eut pas le temps de réagir car rapidement, il vint appuyer son front contre le sien et l’instant d’après, un choc la fit sursauter alors qu’elle lâchait un léger hoquet. L’arbre. Il l’avait acculé et à présent, il la forçait à se cogner le crâne. Elle avala sa salive à défaut de lui cracher des insultes, ne voulant pas perdre son calme, mais la douleur lui fit serrer les dents. C’était idiot, ce n’était presque rien, mais son corps fatigué, tourmenté, ne supportait pas bien ce genre d’agression. La peau de Danslav contre la sienne, ses menaces, ses attaques, elle pouvait gérer… ça, non, étrangement. Forçant, elle lui jeta un regard sombre et souffla « Et pourtant, t’es pas dans les draps d’une jolie blonde, là, que je sache, t’es collé à moi, au milieu de nulle… » la fin de sa phrase mourut entre ses lèvres alors qu’elle fermait les yeux éblouis. Elle pesta en silence. Depuis combien de jours n’avait-elle pas prit ses médicaments, petits cachets blancs moldus ne payant pas de mine mais la gardant en un morceau ? Deux, trois jours… depuis le baiser, oui. Ils la faisaient dormir, elle ne voulait pas dormir, l’équation était simple. Et le résultat, totalement inévitable. Elle souffla doucement, ayant l’impression que sa tête allait exploser.

Ce n’était qu’un battement d’aile de papillon, un battement d’aile déclenchant une tornade assez forte pour la foutre par terre. Accablée par un mal qu’il ne pouvait pas voir, alors que soudain la bête faisait sauter ses chaines et venait gratter contre ses rétines, voulant sortir, elle murmura un « Dégage » qu’il lui avait balancé un peu plus tôt. C’était de sa faute, si elle était dans cet état, et alors qu’elle se débattait et se vidait de ses forces, elle repensa à tout ce qu’elle avait fait subir à son corps, à son cœur, récemment. L’altercation, le baiser, les trois jours sans dormir, les mutilations, l’absence d’un vrai repas, l’alcool du deuxième soir, la baignade glacée, la perte de connaissance, la morsure aussi, et puis à présent cette confrontation… C’était surement trop, même pour elle. D’ordinaire elle aimait rester seule et pourtant, en dépit de l’ordre de dégager qu’elle venait de lui donner, elle remonta ses mains sur son torse pour saisir les pans de sa veste, ne voulant pas tomber par terre, s’accrochant à lui plus par peur que par hargne. Elle luttait contre ses démons et lui ne comprendrait rien… Elle ouvrit vivement les yeux, croisant son regard et dévoilant la pagaille digne d’un bal infernal. C’était une fenêtre sur son âme, sur ce qu’elle cherchait à contrôler, c’était un aveu, quelque chose qu’elle n’avait montré à personne.

Le petit musée des horreurs présenté par la poupée cassée, pour le plus grand plaisir du grand blond qui venait de gagner la partie en la rendant momentanément plus folle, plus tarée, plus détruite que jamais.


Si tu m’avouais que je suis juste un jouet, cela m’amuserait…
Tu pourrais même me transformer, en princesse délavée d’un sordide conte de fée…
Dans mon coffre je t’ai attendu avec une robe, des étoiles et des ciseaux pointus.
Donne-moi une heure pour détruire ton cœur.
Donne-moi une heure pour user tes heures
Referme et détruis le placard où s’établissent nos ombres.
Oublie celui qui sous le lit, nous guette dans la pénombre.



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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyDim 13 Mai - 11:41

Parce qu'il n'était pas à l'aise avec les mots, il préférait prendre les phrases des autres et simplement les retourner contre eux. Comme un gamin qui aurait balancé un simple « C'est celui qui dit qui est. » Mais il se résumait à ça. Il pouvait se cacher derrière sa carrure impressionnante ou sa fierté débordante mais à la fin il savait qu'il n'était rien de mieux qu'un enfant effrayé par ce qu'il pouvait ressentir parce qu'on lui avait appris depuis le début qu'être heureux c'est dur et que ça fait mal parfois. Il s'était habitué à ne plus rien ressentir à part de la colère et du dégoût permanent depuis qu'il avait fêté ses cinq ans et puis elle était arrivé et avait tout foutu en l'air dans sa tête. Pire qu'une tempête, pire qu'un ouragan, elle était tout ce qu'il désirait et ce qu'il pouvait mépriser dans ce monde. Née-moldue, sang-de-bourbe, il se raccrochait à ce détail comme si sa vie en dépendait alors que ce n'était qu'une excuse pour ne pas succomber et tomber dans la spirale infernale de l'affection. Et puis, ce n'était pas comme si les sentiments étaient réciproques. Elle lui avait bien prouvé, et à plusieurs reprises déjà, qu'elle le détestait. Purement et simplement. Même si dans cette guerre quotidienne il y avait eu quelques dérapages, quelques moments qui n'étaient censés rien représenter, leur haine était toujours plus puissante que le désir qui flottait. Deux gosses brisés qui ne savaient rien faire d'autre que ce cracher à la figure. « Et pourtant, t’es pas dans les draps d’une jolie blonde, là, que je sache, t’es collé à moi, au milieu de nulle… » Et alors qu'il s'attendait à une réplique cinglante, la suite n'arriva pas, comme bloquée dans sa gorge.

Quand la jeune femme n'était plus capable de lui envoyer une réplique bien placée, il était temps pour Danslav de s'inquiéter. Si les mots n'avaient plus d'impact pour elle alors il ne lui restait plus que les gestes et ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle pour sa virilité, toujours bien trop proches des mains de la brunette. Il resta un moment sans bouger et sans respirer, se disant que cette fois il avait peut-être dépassé les bornes puis secoua légèrement la tête. Comment pouvait-il franchir des limites qu'ils ne possédaient même pas ? C'était comme essayer de contenir un raz de marée. Finalement, après quelques minutes de silence, elle lui souffla un simple « Dégage » qui lui fit beaucoup plus mal que tous les coups qu'elle aurait pût lui mettre. Il ne voulait pas partir et en même temps il crevait d'envie de lui en mettre une de s'en aller, indécis malgré toute la rancœur qu'il pouvait lui porter. Lentement il recula sans pour autant retirer ses bras, comme pour garder un semblant de contrôle sur elle alors que depuis le début c'était elle qui le manipulait à sa guise. Leurs regards se croisèrent de nouveau et ce qu'il vit au fond de la pupille de la jeune femme lui fit peur. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi oppressé, pas depuis que son père l'avait enfermé dans le placard de sa chambre quand il n'avait que huit ans. C'était à cause de cette punition disproportionnée que le jeune homme ne supportait plus les espaces confinés et qu'il pouvait devenir très violent quand on l'obligeait à aller dans une petite pièce. Mais là, alors qu'il était en plein milieu du parc, dehors et libre de tout ces mouvements, le polonais avait comme l'impression d'être prisonnier. Prisonnier de son regard, de ce brasier qui brûlait au fond de son regard, de cet enfer qui venait de surgir de nul part. Comparé à ce qui s'était passé un peu plus tôt sur le pont, à son brin de folie passager, c'était comme comparé un feu de forêt à une étincelle.

Il était à la fois fasciné et effrayé par ce qui pouvait se passer dans la tête de la jeune femme, complètement hypnotisé par cette douce folie qui la rongeait de l'intérieur mais qui semblait la bouffer simplement. Un fin sourire étira ses lèvres, sadique et incongru, il se réjouissait de la voir souffrir comme ça alors qu'au fond il avait l'impression de fondre face à cette chose qu'il ne saisissait pas. Et puis il effaça son sourire parce que plus que son désir de la voir se torture de douleur, il ne pouvait plus supporter son regard de détresse, cette fragilité qu'elle lui agitait sous le nez, comme lui, lui avait prouvé qu'il pouvait être tendre des fois. Sans trop réfléchir à la suite des évènements, il se rapprocha d'elle et passa ses bras autour de son corps si frêle pour l'attirer un peu plus contre sa peau. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça, pourquoi il passait de la haine à la tendresse aussi facilement et seulement avec elle. Il ne voulait pas paraître faible mais avec elle il n'arrivait plus à garder son masque de dureté. Il avait envie de la prendre dans ses bras pour lui briser les côtes, un geste tendre mêlé à cette animosité toujours en lui. Mais là il ne se sentait même plus assez en colère contre elle pour lui faire mal. Il voulait apaiser cet enfer parce qu'il voulait être le seul à lui faire mal comme ça.
Danslav P. Leonidovik
Danslav P. Leonidovik

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MessageSujet: Re: » Poisonous dusk — Dansëa » Poisonous dusk — Dansëa EmptyDim 13 Mai - 21:09



Poisonous Dusk
« you bring my heart to its knees »

Elle se souvenait de la dernière personne ayant cherché à stopper une crise provoquée par un abus. Presque dix ans plus tôt, dans cette petite pièce mansardée qui lui servait de chambre, entre les poupées et les peluches, les jouets et les livres, dans ce recoin d’enfance dont elle n’avait jamais su profiter, elle avait découvert ses pouvoirs. Assise, attachée sur une chaise, secouée de spasmes, à tirer sur ses liens comme une tordue, elle avait ruiné cette idiote de gouvernante ayant osé un affront, ayant cherché à la maîtriser. Dans la douleur et dans le sang, elle avait imposé sa force, sa volonté, cette même énergie qui aujourd’hui la ruinait. Il pouvait voir tout ça, dans ses iris clairs, dans ses pupilles folles, véritables trous vers son âme tâchée. Il pouvait deviner tout le mal qui la rongeait, tout le danger qu’elle représentait.

Il aurait dû la lâcher, reculer, s’enfuir comme on s’éloignait d’un monstre. Il aurait dû l’abandonner là à son sort, se doutant bien qu’elle ne sortirait pas de la forêt, qu’elle y resterait et qu’il serait enfin débarrassé d’elle, ce qu’il semblait souhaiter plus que tout, à ainsi la bousculer, la torturer, l’insulter et la menacer. Elle manqua de s’étouffer lorsqu’au lieu de la repousser et de faire demi-tour, il tendit les bras pour la serrer contre lui. Il y avait quelque chose de doux et de rassurant dans son geste, comme s’il cherchait à rattraper ses fautes et alors qu’il la tenait contre lui, elle ne put s’empêcher de penser à cette fichue nourrice qu’elle avait martyrisé. Cette pauvre fille n’avait rien fait d’autre que de répondre à une annonce, que de débarquer dans une famille dont les moyens rattrapaient l’incompétence totale en matière d’affection. Elle s’était retrouvée à s’occuper d’une gosse complètement tarée et Noctëa avait su en tirer avantage immédiatement. Agée de huit ans à l’époque, lors de leur première rencontre, elle avait déjà découragé une demi-douzaine de nanny et ne comptait pas s’arrêter. Elle écoperait d’une éducation en pensionnat mais elle s’en moquait bien, tout ce qu’elle voulait, c’était jouer, manipuler les gens qui la regardaient comme une bête curieuse. Elle avait eu du mérite, cette jeune femme, à tenir deux ans, à empêcher la petite brune de détruire la maison, de tuer les chatons qu’on lui offrait parce que la gâter comblerait surement le manque d’attention à son égard. Elle avait tenu longtemps en voulant être douce et puis comme toutes les autres, elle avait craqué, passant à la méthode forte, à la brutalité, au barbarisme. La plupart des gouvernantes avaient fait leur valise pour s’en aller sans préavis, pour quitter le domaine de Nogent que bordait la forêt de Pimpon sans même se retourner, elle avait agis autrement. Fatiguée des crises, elle s’était amusée à l’attacher pour la contenir, la calmer. Un a un, Noctëa avait fait sauter les vaisseaux sanguins reliant son cerveau au reste de son corps, jusqu’à ce qu’éventuellement, elle tombe, crachant des gorgées entières de sang et arrachant un sourire satisfait à la petite peste.

Sans même pouvoir le contrôler et alors qu’elle avait fermé ses mains sur lui pour le retenir, elle chercha à le blesser de la même façon. C’était sa magie qui faisait ça, c’était ses pouvoirs et à présent qu’elle les contrôlait partiellement, à présent qu’elle avait sa baguette, elle n’était plus capable de lâcher un Armageddon brutal sur lui. Elle essaya pourtant, cherchant à s’insinuer, à lui faire mal, à le blesser pour le punir de la mettre dans un état pareil. Qui était-il, pour oser la traiter ainsi ? Ne savait-il pas qu’elle était maudite, qu’elle portait en son sang la prophétie annonçant le déclin du monde, promettant l’ampleur des ténèbres et la consécration des marais. Lui, pauvre petit sorcier, comment trouvait-il l’audace de lui arracher le cœur de la sorte ? Elle secoua la tête. Il était trop fort, bien trop fort pour elle. Elle buttait contre sa rage, contre sa folie, contre la véhémence de ses blessures. Une âme pure était facile à corrompre, neuve, fragile aux tortures… les reliques cassées d’être humain qu’il présentait, en revanche, semblaient immunisées contre ses attaques. Il était probablement le seul qu’elle ne pourrait jamais tuer, justement parce qu’il était déjà à moitié mort, exactement comme elle.

Alors que faire ? Elle ne pouvait pas le blesser et faire passer la colère, elle avait peur, elle avait mal, tout comme elle voulait détruire quelque chose. Sans même pouvoir s’en empêcher, elle se sera alors contre lui, à son tour. Elle pleurait, elle ne le réalisa qu’à cet instant, perdue, secouée. Des sanglots coulaient à nouveau sur ses joues pâles. La bête n’aimait pas que Danslav la tienne, elle n’aimait pas que le jeune homme s’impose, surement parce qu’elle trouvait là son égal, quelqu’un capable de la pousser, de la forcer à faire n’importe quoi, quelqu’un avec de l’influence, quelqu’un dont… elle avait besoin. « Ne pars pas… » Supplia-t-elle d’une voix minuscule, s’entendant parler avant même de comprendre qu’elle était en train d’articuler. « Ne me laisse pas, pitié, Danslav… » Ajouta-t-elle alors que ses genoux lâchaient, la faisant tomber entre ses bras solides, imposants, véritables tours de garde pour son corps frêle, ombre menaçante et glaciale dont elle ne voulait pas sortir.

Les mains fermées en poings, fichées dans le tissu de son manteau, elle se laissa tomber dans un abysse atroce, remplis de monstres et de traumatisme, un monde onirique et sale dans lequel elle ne voulait pas se retrouver seule. Il était le seul capable de tenir le coup, la certitude la gagnait aussi surement que l’angoisse et la folie.

Keep me safe inside
Your arms like towers
Tower over me...




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