>Extrait d’une interview entre un journaliste de Magic Chronics et Breeony Warrens, célèbre joueuse de Quidditch anglaise.
Journaliste de Magic Chronics : « Vous êtes désormais célèbre, vous avez fait le tour du monde avec votre balai, si je puis dire, mais pourtant depuis peu vous êtes de retour en Norvège. Comment vivez-vous cette nouvelle célébrité ?
Breeony Warrens : Dans mon cas je ne parlerais pas de réelle célébrité. J’ai appris que quelques jeunes fans de Quidditch avaient créé des fans club en mon nom en Norvège mais également en Angleterre, mais je ne pourrais jamais me comparer à Hamish MacFarlan ou encore Gwenog Jones. J’aime le Quidditch tout autant qu’eux mais je ne suis qu’une novice dans ce monde.
J.M.G : Vous avez tout de même décroché trois trophées durant ces cinq dernières années. Vous vous êtes bâtie une carrière à l’étranger et votre nom a fait le tour des chroniques, notamment lorsque vous avez arraché la victoire de votre équipe sous le nez de votre adversaire allemand.
B.W : C’était une belle victoire je dois l’avouer, j’en frissonne encore de plaisir quand j’y repense. (rires)
J M.G. : Qu’avez-vous prévu pour l’année à venir ? Etes-vous revenue pour faire une pause ?
B. W : Pas une réelle pause, je vais très certainement signer un nouveau contrat avec l’équipe nationale de la Norvège, mais j’aimerais souffler un peu. Je viens d’enchaîner cinq années très intenses, à vrai dire vous avez raison on peut dire que ma carrière a décollé en peu de temps, je voudrais juste réussir à remettre les pieds sur terre.
J.M.G : Côté vie privée, est-ce vrai que vous allez vous marier dans l’année ?
B.W : Cette rumeur est totalement absurde, je n’ai aucun mariage ni enfant en vu pour cette année. Je suis juste revenue en Norvège pour reprendre mon souffle et pour aucune autre raison aussi farfelue que ce soit. »
(…)
Breeony Kara Warrens est née en Angleterre, dans une ville côtière du sud du pays nommée Southampton. Elle est la fille aînée d’une grande fratrie, on lui compte quatre frères et sœurs, tous les uns aussi blonds que les autres. Issue d’un milieu modeste, elle a su se démarquer par son don pour le Quidditch et a fait de sa passion son métier. Nous avons rencontré ses parents, Janice et Stan (interview page 10) qui vivent toujours à Southampton dans une maison proche de la mer. La ressemblance entre mère et fille a de suite été frappante. Janice est la fille d’une née moldue, c’est une londonienne qui a suivi son mari Stan à Southampton, quand ils se sont mariés à la fin de leurs études à Poudlard. Encore aujourd’hui ils forment un couple amoureux et heureux de l’ascension de leurs enfants, qui sont tous scolarisés, sauf Breeony leur fille aîné et son frère Drew. Breeony a donc passé sept années de sa vie dans la célèbre école de sorcellerie anglaise, dans la maison des Poufsouffles. C’est à cette époque qu’elle a commencé à se faire remarquer pour ses talents de quidditcheuse, sport qu’elle pratiquait depuis sa plus tendre enfance, d’après ses parents. Admise dès sa deuxième année en tant que poursuiveuse, elle devint l’attrapeuse de son équipe quelques mois plus tard lorsque son camarade de l’époque fut renvoyé, postulant aussitôt pour le poste. Poste qui était fait pour elle, c’est indéniable. A Poudlard elle était une élève moyenne, elle-même reconnaissant qu’elle ne s’intéressait que peu aux cours. Elle fut néanmoins la camarade de classe de certains sorciers qui se font aujourd’hui une place dans le monde magique. On pourra citer le célèbre Lewis Portman, jeune écrivain à succès qui vend best seller sur best seller dans le monde entier, ou encore Romy Caroll, chanteuse anglaise très en vogue, qui comme Breeony est une ancienne poufsouffle. Naturellement, Breeony s’inscrivit ensuite à Fidelitas et entra chez les Redstonel. Elle intégra aussitôt l’équipe de sa maison, et se fit une certaine réputation. D’après les dires de ses anciens camarades, elle aurait été très amie à l’époque avec la femme de l’actuel Directeur du Département de la justice magique du Ministère de la Magie. Néanmoins notre célèbre joueuse de Quidditch refuse de se prononcer sur ce détail. Par la suite on lui prêta quelques relations qui restèrent infructueuses. A la fin de ses études, la jeune femme se lança dans la vie d'adulte et partie pendant cinq ans faire le tour du monde avec l’équipe nationale de Norvège. Sa renommée fut alors internationale lorsque son équipe arriva seconde lors de la Coupe Européenne de Quidditch, écrasant pour la première fois depuis plusieurs décennies les allemands, mais laissant malheureusement aux italiens la première place. A vingt huit ans c’est une jeune femme qui a un avenir très prometteur, histoire à suivre…
Minka Strasberg, journaliste pour Magic Chronics.

D'un geste las, elle referma le magasine et le poussa plus loin sur la table. Si seulement sa vie ne se résumait qu’à ces quelques mots écrits sur le papier glacé. Dans sa tête repassèrent les mots de la journaliste « elle aurait été très amie à l’époque avec la femme de l’actuel Directeur du Département de la justice magique du Ministère de la Magie ». Personne n’avait compris à l’époque pourquoi elle s’était enfuie du pays, seule sa famille avait eu droit à ses confidences. Elle revenait en Norvège avec une certaine notoriété et de ce fait une nouvelle place dans la société. Elle n’était plus la simple miss Warrens, fille de sorciers modestes anglais. Inconsciemment, elle espérait que Bonnie lirait cet article et qu’elle aussi ressentirait ce grand vide en elle. Sentant ses sentiments remonter soudainement, la blonde se mordit la lèvre inférieure jusqu’au sang, s’interdisant de laisser de tels sentiments transparaître sur son visage. « Vous sentez-vous bien darling ? » Son interlocuteur l’arracha à ses pensées. Breeony offrit un sourire fatigué à celui qui partageait son déjeuner, un acteur islandais au nom imprononçable qui se persuadait que lancer des darling par-ci par-là lui donnerait un air plus british. « Ne vous inquiétez pas, je suis un peu lasse par mon voyage. Je vous prie de m’excuser, je vais essayer de me reposer avant mon rendez-vous de cet après-midi. » Breeony s’excusa auprès des autres invités et se retira, suivie du regard par tous les hommes de la table. Elle étouffait depuis son retour à Oslo. Elle était sans cesse invitée à des tables différentes, son manager ne lui laissant aucun répit. Depuis son retour il avait fait d’elle son propre produit de publicité. Il voulait lui trouver de nouveaux sponsors et considérait qu’elle seule pouvait les séduire, du moins assez pour les faire signer. Elle se dégoûtait elle-même mais malgré les multiples prises de bec, les injures, les menaces, elle n’avait pu trouver une autre solution. Une équipe anglaise lui avait proposé un contrat, néanmoins elle était censée prolonger son contrat avec une équipe norvégienne l’après-midi même. Son manager n’en avait que faire de son patriotisme, néanmoins Breeony restait réticente. Elle aimait jouer au Quidditch, arracher le vif d’or sous les yeux de ses adversaires, mais dès lors que son jeu était devenu une question d’argent elle s’était sentie perdue. Elle n’était pas qu’un produit, elle refusait de l’être. Se débarrasser de son manager était inimaginable, elle avait besoin de lui pour tout ce qui était rébarbatif, néanmoins elle ne supportait plus la pression qui l’entourait. Elle était revenue en Norvège pour une bonne raison. Il fallait qu’elle arrive à s’enfuir d’Oslo, de tous les médias et de ces hommes d’affaires qui rêvaient d’un diner ou seulement d’une nuit avec elle. Elle allait signer ce foutu contrat avec les norvégiens et leur demanderait des vacances avant que la saison reprenne. Elle pourrait ainsi repartir sur l‘archipel.

Breeony referma la porte sur ses derniers voisins venus lui souhaiter la bienvenue, seule une de ses anciennes connaissances, Denis, avait réussi à se glisser dans son nouveau chez soi, la sauvant des griffes de ses très charmants voisins. Elle le remercia de ce sauvetage de dernière minute encore une fois tout en transférant toute la vaisselle sale dans son évier qui se remplit d’eau savonneuse. Son ancien camarade français la regardait avec une telle insistance que la blonde pouvait lire à travers lui la question qui lui brûlait les lèvres mais qu’il n’osait exprimer à voix haute. « Tu te demandes ce que je suis revenue faire par ici n’est-ce pas ? » Le jeune homme ne put qu’acquiescer, devancé par la blonde, mais soulagé de ne pas se faire rembarrer dans sa curiosité. Breeony prit place à côté de lui dans le canapé moelleux qu’elle avait fait acheter dans un magasin moldu mais qu’elle comptait trafiquer quelque peu. Elle passa une main dans ses cheveux gagnant du temps tout en essayant de faire le point dans ses idées, ne sachant par quel point commencer. « Tu te souviens quand on était à Fidelitas? J’étais toujours fourrée avec Bonnie Arton, tu te souviens d’elle n’est-ce pas ? » Breeony ne pouvait se douter de la réponse. Qui ne connaissait pas Bonnie, son double à l’université ? Mais elle préférait remettre les choses dans son contexte, et si possible en apprendre davantage sur la Bonnie d’aujourd’hui. « Si je m’en souviens ! Vous étiez comme deux sœurs jumelles, toujours collée l’une à l’autre. Mais d’après certains bruits ça c’est plus ou moins mal fini entre vous, non ? En tout cas Bonnie a fait sa propre route, elle a épousé un haut dirigeant du ministère. Néanmoins d’après certaines rumeurs elle ne serait plus que l’ombre d’elle-même… » Finit-il en baissant la voix. Il n’appréciait guère Ulysse Findtigernd, mais n’avait jamais non plus porté Bonnie dans son cœur, néanmoins face à Breeony il n’osait en parler ouvertement de peur de la blesser davantage. La blonde le fixa intensément, sans rien dire. Elle était déjà repartie dans ses souvenirs, se remémorant sa vie facile et glorieuse à l’université. Elle et Bonnie se pavanant dans les couloirs, obtenant tout ce qu’elles souhaitaient, sans cesse invitées à des soirées. Elle eut un sourire en repensant à leurs indéfinissables soirées entre elles, où elles refaisaient le monde, s’échangeaient des vêtements, parlaient garçons puis se promettaient d’être amies pour la vie quoi qu’il puisse leur arriver. Elles s’étaient promises maintes et maintes fois qu’aucun garçon ne viendrait les séparer. Breeony y avait cru jusqu’au bout, elle avait toujours pensé que Bonnie céderait et reviendrait à la raison, mais rien ne s’était passé ainsi. « Tu as raison ça c’est mal fini. » Lâcha-t-elle d’une voix grave. « Je pensais connaître Bonnie mais je me suis trompée à l’époque. Elle…elle a fait un choix que je désapprouvais totalement, certes je n’ai pas totalement été honnête avec elle, mais j’étais convaincue qu’elle reviendrait vers moi malgré tout. » Denis hocha la tête, sentant malgré lui une excitation remonter en lui, sachant qu’il allait surement apprendre ce que personne n’avait jamais su. La blonde sentant une certaine tension s’installer autour d’eux, due à ses souvenirs mornes et ses regrets, finit par se laisser aller dans le canapé essayant de rendre la conversation quelque peu plus joyeuse, et n’étant pas prête à tout déballer à ce cher Denis. « Mais quand on y pense c’était une époque merveilleuse ! On était si insouciant ! Tu sais quand j’étais à Poudlard j’avais des amis, mais j’étais considérée comme un garçon manqué, je ne jurais que par le Quidditch. Je crois qu’à force j’ai vraiment cassé les pieds à tout le monde avec ce fichu Quidditch. Et regarde où j’en suis aujourd’hui ? Je vais bientôt accéder au titre de joueuse internationale de Quidditch. C’est juste incroyable ! A Fidelitas les profs n’arrêtaient pas de me rabâcher qu’il fallait que je bosse un peu plus sinon je n’arriverais jamais à rien. Et puis je crois qu’au bout d’un moment ils ont compris que ça ne servait plus à rien de me ressasser la même chose. Bonnie elle était comme moi, elle ne savait pas ce qu’elle voulait faire plus tard. Certes, elle était meilleure que moi en cours, mais apparemment ça ne lui a servi à rien vu qu’elle a fini attachée à ce fichu ministre et ne fait rien de sa vie. » Denis se contenta d’une grimace tordue qu’il aurait voulu être un sourire, ne trouvant néanmoins rien de drôle dans ce que racontait Bree, tandis que celle-ci se leva pour se servir un verre de jus multivitaminé tout en continuant à débiter ses souvenirs de Fidelitas. « Tu sais je suis certaine que Bonnie et moi on serait toujours meilleures amies si ce Ulysse n’avait jamais rencontré ma route. J’aurais pu assister à son mariage avec Caesar, je serais devenue marraine de ses enfants. De mon côté je serais certainement devenue entraineuse de Quidditch ou petite joueuse sans grande envergure, mais on aurait pu être vraiment heureuses. » Le français restait quelque peu perplexe devant le débit de parole de son amie blonde, il avait buté sur une de ses phrases lorsqu’elle avait dit « si ce Ulysse n’avait jamais rencontré ma route.» Essayant de se convaincre que ce n’était qu’une inattention de sa part, il balaya l’idée d’un revers de la main. « Dis moi Breeony pourquoi es-tu réellement revenue à Wyrdbyen ? Cette vie dans ce petit appartement coincé sur l‘île, ne te correspond pas vraiment. Tu aurais pu rester à Londres ou Paris, pourquoi revenir t’enterrer à Wyrdbyen ? C’est pour récupérer Bonnie c’est ça ?» Reposant un peu trop brutalement son verre sur la table, la quidditcheuse fit face à son ami, sur son visage, toute trace de rire avait disparu. Elle avait repris son attitude grave qu’il n’aimait guère voir, rappelant ainsi au monde entier qu’elle approchait bel et bien de la trentaine et que sa jeunesse commençait à se faner. « Je me suis enfuie pendant cinq ans. J’ai fui le pays pour ne plus entendre leur nom mais où que j’allais j’entendais parler de lui, dans les journaux, lors des diners, on me demandait sans cesse si je connaissais bien la femme du ministre de la justice magique. Cette histoire m’a poursuivi jusqu’au Brésil, tu imagines ? Ils font partis de ma vie malgré moi, j’ai vraiment tout essayé pour m’en débarrasser, mais Bonnie me manque. Durant ces cinq dernières années je me suis retrouvée seule, certes j’avais encore quelques correspondances avec des gens comme toi, et d’autres anciens camarades, mais je n’avais plus ma meilleure amie. En quittant le pays, j’ai laissé derrière moi une partie de moi-même. A ce que j’ai appris, Bonnie dépérit dans les bras de cet homme. Elle a fait le mauvais choix, elle l’a choisi plutôt que moi, mais à mes yeux c’est pardonnable si elle l’admet. Tu vas trouver ça enfantin, voire totalement ridicule, mais je veux que Bonnie redevienne celle que j’ai aimé de tout mon cœur auparavant, celle pour qui j’aurais donné ma vie. Je sais qu’elle n’a pas toujours été parfaite ou correcte comme amie, mais elle a fait des choses pour moi que seule une amie ferait et ça je ne l’oublierais jamais. » Elle martela ces derniers mots sans attendre de réponse de la part de Denis. Ce dernier comprit qu’il valait mieux pour lui changer de sujet, le terrain était trop glissant pour lui. « Et sinon les amours ? » Breeony partit dans un éclat de rire, appréciant ce changement de sujet totalement ridicule et ayant comme toujours dix milles anecdotes à raconter à son ami, partant ainsi de nouveau dans un monologue sans queue-ni-tête.

Correspondance entre Breeony et sa sœur Samantha
Ma chère Samantha, je sais que tu crois que je suis à demi-folle. Tu n’as jamais compris l’amitié qui m’unissait à Bonnie. Je sais, je suis devenue obsédée par cette histoire, c’est ce que maman n’arrête pas de vous dire depuis que j’ai remis les pieds sur terre, loin de mon balai. Mais nom d’un botruc ne t’éloignes pas de moi pour ce genre de sottises. Je suis à Wyrdbyen depuis quelques jours, oui une folie m’a pris de déménager sur ce côté-là de l‘archipel, mais je sais que tu n’es pas loin. J’ai croisé Bonnie, de loin, hier. Je n’ai pas osé aller la voir, lui parler. Là je me doute qu’en lisant ces lignes tu soupires, tu lèves les yeux au ciel et tu te dis que ta sœur est une grande bêtasse. Je l’admets, je me comporte comme une enfant. Je suis revenue ici pour une seule et bonne raison, retrouver l’ordre des choses d’avant et je suis pétrifiée dès que mon regard se pose sur elle, car elle a tant changé, tu la verrais avec ses airs de madame, je la reconnais à peine. Je sais que tu penses que je me pourris la vie avec cette histoire, que tu ne portes pas Bonnie dans ton cœur, mais je t’en conjure essaie de me comprendre. J’aimerais que tu passes chez moi, mon appartement est grand et confortable tu t‘y sentiras comme à la maison. Je pense que si Bonnie me claque la porte au nez je repars sur mon balai loin de la Norvège, mais si seulement elle accepte de me revoir, promets moi que tu me soutiendras.
Je t’embrasse, Bree.