L’homme psalmodiait dans une langue inconnue aux oreilles des non-initiés. Ses mains bougeaient avec vitesse et précision. Trois autres druides l’entouraient en se donnant la main. Dans chacune de leurs poignées de main se tenait un objet destiné à canaliser l’énergie magique du lieu dans leur cercle, une baguette, une pierre et une cape.. Autour d’eux se tenaient, fièrement dressées, les pierres de Stonehenge. Après des minutes de torpeur et de paroles incompréhensibles, Fingen laissa échapper précisément la première partie de l’incantation. « Laukaz. » Ses trois disciples se mirent à répéter sans discontinu le nom du graphème de l’eau. Aussitôt la mer autour de l’île s’agita et comme douée d’une conscience se mit à avancer en direction du cercle de pierre. Un mur aqueux épais de quelques centimètres s’élevait autour du lieu mythique quand le maître druide trancha l’air de la suite de l’incantation. « Kenaz. » A sa suite les trois druides répétèrent la formule. L’eau se changea instantanément en feu dans une explosion de chaleur incroyable. Les rochers de Stonehenge étaient happés par les flammes qui tentaient de les enjamber sans succès. La dernière partie du sortilège fut presque criée par Fingen « Yera ! » les répétitions des trois accompagnateurs finirent de déclencher le sortilèges. Le feu fut soufflé par un vent dompteur, les flammes se mirent à courir prenant parfois le temps d’une seconde la forme d’un dragon ou d’un hippogriffe, ne consumant pas la terre sur leur passage. Une fois la dernière étincelle morte le sol sembla disparaître sous leurs pieds, l’île s’effaçait des yeux non-sorciers et des consciences. L’air s’y réchauffait jusqu’à devenir doux. Ydalir était née. « Laissez-moi maintenant. » Les trois druides disposèrent et transplanèrent pour préparer le sol qui servirait à la fondation de l’école, durant ce temps Fingen protégea le lieu du regard de tout sorcier.

« Merci pour votre aide, reculez maintenant. Teiwaz l’harmonisateur et le pilier des mondes, Ansuz, la puissance créatrice, l’intelligence et la connaissance, Odala le tout puissant protecteur des lieux, Hagal qui relie le passé et l’avenir, Mannaz qui lie l’Homme et la Magie, Isaz l’immobilité originelle et la glace, Uruz la force ancienne qui solidifie, Thursaz le géant et l’épine qui assurent la survie, Ehwo qui unit tous les éléments. » Il appliqua les mains au sol et de ce qui était une plaine se mirent à pousser des murs, des colonnes, des tours. Un sublime château s’élevait désormais devant les quatre sorciers. « Fidelitas est née mes amis. Partez courir le monde à la recherche des meilleurs disciples, nous les formerons. »

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« Etudiantes, étudiants, chaque nouvelle année est pour nous l’annonce d’un nouveau labeur. Il va nous falloir faire courber l’échine aux plus réfractaires d’entre vous, vous faire admettre que vos talents restent à perfectionner. »
« Quelle amertume ma chère amie ! Il semblerait que vous ayez enfin accepté votre féminité ! »
« Nous sommes deux alors, en acceptant votre féminité peut-être trouverez vous une femme avec qui la partager… jolies chaussures au passage. »
« Que ? Enfin notre université accueille cette année de nouveaux élèves. Vous êtes nombreux à arriver en première année de préparation aux études supérieures. Vous pourrez à l’issue de vos deux années vous orienter dans un des neufs cursus qu’offre Fidelitas. Nos professeurs sont les meilleurs. Nous vous l’assurons. Je vous prie d’accueillir chaleureusement les nouveaux arrivants dans le cor professoral. »
« Passionnant. Bienvenue à tous, vous allez être répartis dans une de nos trois maisons. Redstone, Blackwood et Silverwind. Le Doyen Charleston a une affection toute particulière pour la maison Redstone, c’est pour ça que je vous conseille de croiser les doigts et d’éviter ce lieu. »
« Ma chère Directrice Pavlova, les Silverwind ne se sont jamais mieux portés que lorsque vous les avez quittés. »
« Alors il est dommage que j’ai été à Blackwood. »
« Mes chers élèves, l’année va commencer. Vous allez découvrir un nouveau monde, mais je vous encourage à donner le meilleur de vous-même. Que notre travail ne soit pas en vain. »
« Notre travail… Doyen, vous êtes presque sénile et je fais votre devoir depuis déjà six ans ! »
« Dans mon bureau tout de suite ! »
« Vous n’avez pas assez bu, sinon vous auriez dit sur le bureau ! »

Fidelitas n’était plus exactement la même. L’université s’était démocratisée, il suffisait maintenant d’être un élève ayant obtenu ses Aspics pour être accepté. Les druides n’étaient plus au pouvoir bien qu’on enseignât encore leur histoire. L’archipel sorcier rattaché au Svalbard en Norvège vivait à l’abri des regards et évoluait sous un climat doux. La vie à l’université côtoyait celle des habitants de Wyrdbyen, la ville unique sur l’île d’Ydalir. Comme tous les monuments de ce genre, Fidelitas renferme bien des secrets et des trésors. Les plus notables sont ceux qui aidèrent à la fondation de l’île et de l’école. Les reliques de la mort. Trophées exposés dans une salle du château, les trois originaux sont protégés par des sortilèges et des maléfices dont nul ne connait la complexité. Chaque professeur entrant dans le cor enseignant appose un sortilège pour protéger les trois symboles de puissance. Le nom du lieu n’a pas été choisi au hasard puisque chaque professeur défenseur promet sous le serment du Fidelitas, de ne pas révéler le sortilège qu’il a appliqué aux trois reliques. Les rendant imprenables.